26 mars 2008

Lecture : Le Rapport de Brodeck, de Philippe Claudel

L'adjectif qui me paraît le plus adéquat concernant l'écriture de Philippe Claudel, c'est : délicat. C'est déjà l'impression laissée par la lecture des nouvelles du recueil Les Petites mécaniques, même si je n'avais pas été emballée par toutes. Ici, en plus du style, l'histoire prend vraiment aux tripes. Il y a quelque chose de doux et de dur dans le récit de ce rescapé des camps qui est contraint de relater le crime des habitants de son village.
Ecrit à la première personne du singulier, le narrateur mêle ses souvenirs d'enfance, de jeune homme, de déportation, et la vie de son village perdu on ne sait bien où. On est dans le réalisme et dans l'étrange, dans le familier et l'inconnu, dans la noirceur et la beauté.
Superbe.

17 mars 2008

Dilemme...

Demain, grève des enseignants du second degré, contre notamment les suppressions de poste et la réforme du bac pro, motifs qui sont éminemment valables à mon avis ; d'autant que toute occasion de gueuler contre le gouvernement actuel me paraît une question de survie. Je vais faire grève.
Pourtant... eh bien en écoutant les arguments d'un collègue qui ne va pas la faire, mon choix m'enthousiasme beaucoup moins, même si je n'ai pas changé de décision. Il a raison quand il dit que ces grèves sporadiques sont ridicules : c'est devenu le même comportement de mouton que ceux qui ne la font pas, puisqu'on accepte au final ce contre quoi on s'insurge. Ces grèves sporadiques sont devenues totalement sans effet, et même contribuent largement à nous décrédibiliser. Ces grèves sporadiques commencent à avoir l'effet inverse de ce qu'elles prétendent exprimer.
Il faudrait une autre forme de lutte, mais quoi ? Quoi qu'on pense, les enseignants ne sont pas prêts pour un très grand nombre à se mouiller assez pour frapper fort : ils craignent pour cette sécurité de l'emploi qui n'est pas si sereine, loin de là, et sacrifier la scolarité des élèves est un acte grave que personne ne prend à la légère.
Je fais quand même la grève parce que je préfère ce dérisoire acte de contestation à rien du tout même si j'y crois de moins en moins. Ma colère n'en est que plus grande.

03 mars 2008

La poule ou l'oeuf

Un travail sur soi-même rend-il plus intelligent ou bien c'est le fait d'être intelligent qui permet de faire un travail sur soi ?
J'aurais tendance à opter pour la première proposition. En tout cas, cette réflexion critique sur soi-même est indispensable à un regard lucide sur les autres et sur le monde. Plus le temps passe, et plus j'apprécie l'honnêteté. J'ai beaucoup de mal à croire qu'on ne soit pas capable de trouver le courage d'écouter, de regarder, et que l'on s'enfonce dans le mensonge et dans l'artificiel. Je n'aime pas les autruches !

02 mars 2008

Lecture : Les Reines rouges, de Cavanna.

Cavanna, c'est un type que j'aime bien. Je lis toutes les semaines ses articles dans Charlie Hebdo, et que l'on soit d'accord ou pas avec le propos, il y a dans son ton quelque chose qui nous le rend familier, comme s'il nous parlait à nous rien qu'à nous. Et puis, il donne envie d'être fier d'être français, ce qui, par les temps qui courent, vaut de l'or.
J'ai lu de lui Le Hun blond, qui est un autre de ses romans situés dans le monde médiéval. Les Reines rouges, comme Le Hun blond, c'est truculent, historique, plaisant. On sent qu'on se plonge dans une période qu'il aime et connaît très bien. Ses romans ont l'immense mérite de nous apprendre beaucoup, et d'être en même temps drôles et pleins d'une philosophie épicurienne jouissive. Je n'en parle pas bien, désolé. Tout est bon : l'auteur, et ce qu'il écrit.

Youpi : bientôt la révolution...........????

Avec "le petit crocodile" (petites pattes et grande gueule), c'est tous les jours la fête, non ? On se plaint de l'inertie, de l'immobilisme, du vieillissement de la France ; nul doute que notre cher président flanque des coups de pieds dans la fourmilière et que si l'on croit qu'à quelque chose, malheur est bon, nul doute que le renouveau n'est pas loin !
- chercher à passer outre le Conseil constitutionnel, la plus haute autorité en matière de respect de la République,
- violer les droits de l'individu en enfermant les criminels potentiels après la peine purgée
- se montrer vulgaire
- se poser en héros ("j'irai moi-même chercher Ingrid s'il le faut !")
- dire "je" à tout bout de champ et faire du sentiment le maître d'ordre des discours politiques
- envisager de noter les profs aux résultats (pourquoi pas les médecins aux angines guéries ?)
- privilégier ouvertement les riches à devenir plus riches
etc etc.
Super ! Le ridicule supplante l'étonnement et la colère devient plus forte que la peur. La situation empire, la grogne augmente et se propage partout, chez tout le monde. Aux armes, citoyens !