Franck Pavloff, dans sa brève nouvelle Matin Brun, fait réfléchir sur l'installation de la tyrannie à cause de l'individualisme et de la passivité de chacun. On se dit bien sûr qu'on ne serait pas comme ça, qu'on serait moins naïf, moins égoïste et moins soumis. On se rassure et on y croit. Et puis c'est du conditionnel. Et puis...
Et puis de temps en temps, de plus en plus souvent d'ailleurs, on apprend des petites choses étranges : derrière les grands discours des politiques, les choses changent et pas dans le sens des discours, comme c'est bizarre. On prône la tolérance, on vilipende l'extrême-droite, on se dit progressiste et soucieux du bien d'autrui, etc. Et puis on se rend compte qu'on a beau manifester, on ne se fait jamais entendre : les lois passent quand même. Y'en a même d'autres qui arrivent et du jour au lendemain on n'a plus qu'à faire avec.
Tiens ça me rappelle une petite phrase comme je les aimais, ado, parce qu'elle avait quelque chose d'un peu facile et de rebelle en même temps : la dictature, c'est ferme ta gueule, et la démocratie, c'est cause toujours. Aujourd'hui cette petite phrase ne résonne plus tout à fait pareil à mes oreilles. J'ai presque peur, parfois, sans oser tout à fait me le dire : dans le pays des droits de l'homme, dans ce modèle de démocratie qu'est la France, serait-il possible que l'opinion des citoyens ne compte plus ? Serait-il possible que tout ne soit pas transparent? Serait-il possible qu'un cadre de la fonction publique soit suspendu parce qu'il est homo et qu'il ne l'a pas dissimulé ? Ah oui, ça c'est vrai, je l'ai appris par hasard mais chut, top secret.
Mulder, X-files, un feuilleton américain, la théorie du complot gouvernemental, on nous cache tout on nous dit rien... fiction, hein ? Pas de ça chez nous, n'est-ce pas ; non, ça se saurait...
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