On croit parfois avoir de la bouteille, être blindé, connaître son public... et puis on se prend une claque en travers de la gueule.
Organiser une sortie pédagogique avec des élèves, c'est un peu compliqué, cela prend du temps, mais surtout, c'est une grosse responsabilité. Pour en mettre une en place, il faut en avoir envie, il faut avoir confiance en ses élèves, et y mettre de soi. Et mettre de soi dans notre bô métier d'enseignant, c'est à la fois là qu'est la nécessité et là que le bât blesse toujours.
Bref, la sortie pédagogique à Paris, mise sur pied depuis plusieurs mois,a enfin lieu : visite des tours de Notre Dame, rallye pour découvrir le coeur historique de la capitale, et enfin représentations au théâtre de la Huchette. Le coeur y était, le travail en amont aussi, l'enthousiasme anticipé pour les organisateurs. Et un élève est absent au premier rendez-vous parce qu'il s'est fait emmener par les flics : surpris avec deux autres en train de fumer du shit, ils sont fouillés et lui en avait dans sa chaussure.
Par là-dessus, j'apprends qu'un élève a profité du quartier libre pour aller voir un copain parisien, et quand je reprends les questionnaires du rallye, ils ont manifestement été... négligés.
J'avais oublié que l'ado est con. Que l'ado est irresponsable. Que l'ado se fout de la culture. Que l'ado est digne d'une confiance très limitée. Que ce à quoi on voudrait l'ouvrir est à des années-lumière de son univers.
Me voilà dans un état de grande fragilité : je me rends compte une fois de plus que pour être prof il faut une carapace et que lorsqu'elle se fissure, il y a péril en la demeure. Il faut être prof pour savoir ce que ce boulot veut dire sur le plan humain ; et tous les débats sur les salaires, sur le temps de travail, sur les suppressions de postes, les réformes de programmes, etc. ne savent pas mettre de mot sur cette dimension qui est au coeur de ce boulot.
24 mai 2008
11 mai 2008
Lecture : Un léopard sur le garrot, de Jean-Christophe Rufin
Lu dans la journée...
L'autobiographie de l'auteur de Rouge Brésil raconte le parcours d'une vocation, celle de la médecine, liée plus tard à celle de la littérature. Les deux domaines, que l'on pourrait penser très éloignés l'un de l'autre, trouvent ici des parallèles. Le début et la fin du récit sont particulièrement puissants : le début raconte l'enfance de l'auteur, ses liens avec son grand-père et ses premiers rapports déterminants à la médecine, loin de tout cliché ; de très beaux paragraphes sur la littérature concluent le récit. J'ai moins aimé le parcours politique, et les moments où le narrateur perd de son humilité et de son humour.
Le livre vaut surtout par son évocation originale de la médecine, et pour les liens inattendus que l'auteur y a trouvés avec son art d'écrire.
L'autobiographie de l'auteur de Rouge Brésil raconte le parcours d'une vocation, celle de la médecine, liée plus tard à celle de la littérature. Les deux domaines, que l'on pourrait penser très éloignés l'un de l'autre, trouvent ici des parallèles. Le début et la fin du récit sont particulièrement puissants : le début raconte l'enfance de l'auteur, ses liens avec son grand-père et ses premiers rapports déterminants à la médecine, loin de tout cliché ; de très beaux paragraphes sur la littérature concluent le récit. J'ai moins aimé le parcours politique, et les moments où le narrateur perd de son humilité et de son humour.
Le livre vaut surtout par son évocation originale de la médecine, et pour les liens inattendus que l'auteur y a trouvés avec son art d'écrire.
Lecture : Into the wild, de Jon Krakauer
Je ne suis pas une adepte, loin de là, du genre des "histoires vraies", qui signifient, mais j'ai peut-être tort, des relents de dramatisation et de non littérature. En tout cas, ce livre est pour moi un contre-exemple. Il est la narration d'un fait divers : l'histoire d'un jeune américain de bonne famille qui renonce à toute forme de confort et de matérialité pour vivre à l'aventure et finir par mourir en Alaska. Le récit n'est pas chronologique, sa logique est à la fois difficile à décrire et en même temps rend la lecture plus passionnante. L'auteur ne cherche pas de leçon ni vraiment d'explication mais restitue brillamment sa fascination pour ce destin et ce personnage étranges. On suit les étapes de Chris Mac Candless surtout après avoir achevé ses études supérieures, notamment au travers des témoignages recueillis après sa disparition et des notes qu'il a laissées. J'ai un peu pensé à De sang froid de Truman Capote, pour la méthode de l'auteur, et l'intérêt du livre.
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