27 juillet 2006
Lecture : L'Adversaire, d'Emmanuel Carrère
L'ouvrage retrace la vie de Jean-Claude Romand, ce faux médecin qui a vécu dans le mensonge pendant 18 ans, jusqu'au jour où il tue ses parents, sa femme et ses enfants. L'auteur raconte aussi son enquête et ses impressions. Le portrait qu'il trace de Jean-Claude Romand est saisissant, car on y voit l'extraordinaire, quasi inconcevable, paradoxe entre un homme que tout le monde trouvait gentil, qui semblait on ne peut plus normal, aimant sa famille et ses amis, et le menteur incroyable qui s'est transformé en monstre. On partage le mélange de fascination et de répulsion éprouvées par Emmanuel Carrère, en étant, comme lui, incapable de trancher et de se faire une opinion définitive. C'est sans doute le plus grand intérêt du livre : au-delà de l'aspect purement informatif, des faits, des témoignages, on se passionne comme l'auteur pour le personnage, sans parvenir à le comprendre, ni à le condamner fermement, ni à le prendre non plus en pitié. Il s'agit en cela d'un livre assez dérangeant, dans la mesure où il nous montre une réalité terrifiante en nous montrant qu'elle est inexplicable, où il constate qu'au coeur de la plus parfaite banalité on peut trouver l'horreur imprévisible.
26 juillet 2006
Musique : Cindy Lauper, She's so unusual
Pas jeune, certes, l'album a même a vrai goût des années 80, avec les batteries simplistes qui cognent et les guitares électriques qui crient, mais pas obsolète pour autant. Par je ne sais quelle inspiration, j'ai retrouvé cet album que j'écoutais quand j'avais 15 ans. Je me souviens l'avoir eu en 33 tours pour un Noël et qu'à force de l'écouter sur une platine usée, le disque sautait sur "She bop", un de mes morceaux préférés à l'époque. Sur l'album, il y a bien sûr "Girls just want to have fun" et "Time after time", mais tout est excellent. Aujourd'hui je me délecte à l'écouter dans ma voiture (en cd), et tout particulièrement l'impertinent "I'll kiss you" où Cindy Lauper clame sa furieuse envie d'embrasser un garçon, jetant toutes les conventions et recommandantions de sa mère par dessus les moulins. La voix hystérique, échevelée et flamboyante comme sa coiffure de la chanteuse est un pur moment de bonheur et d'énergie. Pour avoir la patate, y'a pas mieux qu'écouter ça.
25 juillet 2006
Il fait trop chaud pour travailler
De retour dans ma maison normande pour poursuivre pendant une dizaine de jours les travaux, j'ai retrouvé les pinceaux, la scie, le mètre, les pinces et autres marteaux et vis... mais pas beaucoup d'énergie ! La chaleur accablante n'invite pas aux exercices physiques de longue haleine. Il fait un temps magnifique, un vrai temps d'été et de vacances, on ne va pas s'en plaindre, certes. Mais rien n'avance vite...
J'entends beugler les vaches, cramer ma pelouse, transpirer les murs, fondre mes muscles... Allez, une petite demi-heure de boulot et après, je retourne m'allonger.
J'entends beugler les vaches, cramer ma pelouse, transpirer les murs, fondre mes muscles... Allez, une petite demi-heure de boulot et après, je retourne m'allonger.
19 juillet 2006
Profiter de la vie ?
Profiter de la vie, cela signifie quoi ? Sortir tous les soirs, passer des heures avec des dizaines de personnes à boire et danser, et baiser à tout va ? Ou bien se marier, fonder une famille, avoir et construire des projets ? Ou bien laisser s'écouler le temps, regarder la mer, dormir tard le matin ? Aucune de ses réponses n'est évidemment satisfaisante. Profiter de la vie, c'est peut-être simplement savoir s'accorder des plaisirs, et ceux-ci correspondent à un moment et une personnalité. Alors, cela peut-être pour quelqu'un, un jour, sortir et "s'éclater", un autre choisir le prénom de son enfant à venir, encore un autre lire un bouquin sur la plage en solitaire. Carpe diem, c'est subjectif ; c'est faire ce qu'on veut avec ce qu'on a.
18 juillet 2006
Youpi : la famille
Oui oui je sais, j'ai posté un billet il y a quelques jours seulement, qui s'intitulait "Beurk : la famille" et d'ailleurs je ne le renie pas, mais j'ajoute que la famille, ça peut être aussi génial. Les liens indéfectibles qui nous unissent avec les membres de notre famille sont ce qui nous sert de repère, ce qui nous donne de l'importance. Qu'on le veuille ou non, ce lien sanguin, vital, est un lien fort et unique. C'est sans doute dans les yeux d'un enfant que l'on s'en rend compte le plus, quand on voit dans ses yeux, même très jeunes, qu'il sait qu'on est attaché plus qu'à n'importe qui d'autre.
17 juillet 2006
Youpi : ambiance vacances
On se sent vraiment en vacances quand règne cette atmosphère de dilettante, de désinvolture ; quand les horaires et les occupations journalières fluctuent à un rythme mou ; quand rien ne presse, rien n'attend.
Du sable entre les orteils, le lit défait, la chaleur accablante, les copains qui passent... Les journées ? De la lecture, de courtes siestes, un peu de pêche à pied, un bain de mer, des grignotages à droite à gauche, etc. Le cerveau à peu près vide, l'énergie d'une moule sur son rocher, un léger souci pour les marques de maillot. Je vous laisse, je vais me baigner, la mer est haute.
Du sable entre les orteils, le lit défait, la chaleur accablante, les copains qui passent... Les journées ? De la lecture, de courtes siestes, un peu de pêche à pied, un bain de mer, des grignotages à droite à gauche, etc. Le cerveau à peu près vide, l'énergie d'une moule sur son rocher, un léger souci pour les marques de maillot. Je vous laisse, je vais me baigner, la mer est haute.
13 juillet 2006
Lecture : Acide sulfurique, d'Amélie Nothomb
Les livres d'Amélie Nothomb ont ceci d'agréable qu'ils se lisent vite et bien, qu'ils sont légers, plaisants et quelques uns mémorables, comme mon préféré, inégalé à ce jour : Métaphysique des tubes.
Acide sulfurique, je l'ai lu rapidement. Et il m'a paru léger. Mais complètement creux cette fois. L'histoire est celle d'une émission de télévision reproduisant un camp de concentration. Je suis largement partisane d'une dénonciation de la vulgarité et même des profonds méfaits de la télévision et de la "téléréalité", qui gomme la frontière entre fiction et réalité, titille ce qu'il y a de plus bête et vulgaire, enlaidit et appauvrit l'intellect. J'en passe et des meilleures. Ce livre, qui se veut manifestement comme une dénonciation violente du spectacle télévisuel moderne, est d'un vide intersidéral. Je n'y ai vu, pour un sujet aussi brûlant que les camps de concentration, aucune polémique, aucune émotion. Rien ne touche, ni les personnages caricaturaux, ni leurs discours bibliques, ni l'ignominie appuyée des organisateurs de l'émission, ni l'émission horrifique en elle-même. Un feu d'artifice mouillé.
Acide sulfurique, je l'ai lu rapidement. Et il m'a paru léger. Mais complètement creux cette fois. L'histoire est celle d'une émission de télévision reproduisant un camp de concentration. Je suis largement partisane d'une dénonciation de la vulgarité et même des profonds méfaits de la télévision et de la "téléréalité", qui gomme la frontière entre fiction et réalité, titille ce qu'il y a de plus bête et vulgaire, enlaidit et appauvrit l'intellect. J'en passe et des meilleures. Ce livre, qui se veut manifestement comme une dénonciation violente du spectacle télévisuel moderne, est d'un vide intersidéral. Je n'y ai vu, pour un sujet aussi brûlant que les camps de concentration, aucune polémique, aucune émotion. Rien ne touche, ni les personnages caricaturaux, ni leurs discours bibliques, ni l'ignominie appuyée des organisateurs de l'émission, ni l'émission horrifique en elle-même. Un feu d'artifice mouillé.
12 juillet 2006
Une question et pas de réponse
Hier, un copain (coucou Manu !) me demande quel est mon objectif dans la vie. Question à la fois banale et importante, et qui m'a laissée sans voix et surtout sans idée. Et vingt quatre heures plus tard, je n'ai toujours pas de réponse. Il semblerait donc que je n'aie pas d'objectif précis dans la vie.
Mais, à bien y réfléchir, est-ce une mauvaise chose ? Je crois n'avoir pas de but arrêté parce que je préfère rester ouverte à ce qui se présente. Humilité ? Prétention ? J'ai changé tant de fois d'envie, comme tout le monde, et me suis retrouvée à faire et vivre des choses auxquelles je n'avais pas particulièrement aspiré quelques années auparavant, qu'aujourd'hui un objectif précis, définitif, grave, me paraît surtout un piège. Ne pas savoir ce que l'on veut est certes déstabilisant aussi. Je sais peut-être mieux ce dont je ne veux pas, ce qui n'est quand même pas mal, flûte.
11 juillet 2006
Beurk : la famille
La famille, ça pèse des tonnes. Il paraît qu'il en existe certaines où les rapports sont légers, faciles, sereins. Il paraît.
Cela vient je crois d'une trop grande fréquentation. Grandir auprès de ses parents et de ses frères et soeurs, cela veut dire s'habituer (ce qui n'a pas forcément à voir avec le fait de se connaître) tellement les uns aux autres que la liberté s'en trouve d'autant écrasée. On est lié par un passé, emprisonné dans tout ce qu'on a vécu ensemble. Les membres de notre famille nous renvoient sans cesse à cet "avant" que l'on a pas envie de traîner constamment avec soi. Peut-être finalement qu'on ne devrait faire que des rencontres nouvelles tous les jours, converser avec des gens pour lesquels on est tout neufs et qui viennent de "naître" pour nous. Ne pas pouvoir simplement être mais surtout avoir été en face de quelqu'un est lourd, lourd, lourd. De ces longues années les uns à côté des autres vient l'énorme difficulté à déroger, transformer, renouveler, tout ce qui s'est consolidé et figé, même (et surtout) de traviole. On ne peut nier, oublier notre passé, mais vivre se conjugue au présent et quand le passé envahit tout l'espace du présent, comme c'est souvent le cas en famille, il n'est pas facile d'avancer.
Cela vient je crois d'une trop grande fréquentation. Grandir auprès de ses parents et de ses frères et soeurs, cela veut dire s'habituer (ce qui n'a pas forcément à voir avec le fait de se connaître) tellement les uns aux autres que la liberté s'en trouve d'autant écrasée. On est lié par un passé, emprisonné dans tout ce qu'on a vécu ensemble. Les membres de notre famille nous renvoient sans cesse à cet "avant" que l'on a pas envie de traîner constamment avec soi. Peut-être finalement qu'on ne devrait faire que des rencontres nouvelles tous les jours, converser avec des gens pour lesquels on est tout neufs et qui viennent de "naître" pour nous. Ne pas pouvoir simplement être mais surtout avoir été en face de quelqu'un est lourd, lourd, lourd. De ces longues années les uns à côté des autres vient l'énorme difficulté à déroger, transformer, renouveler, tout ce qui s'est consolidé et figé, même (et surtout) de traviole. On ne peut nier, oublier notre passé, mais vivre se conjugue au présent et quand le passé envahit tout l'espace du présent, comme c'est souvent le cas en famille, il n'est pas facile d'avancer.
09 juillet 2006
Lecture : Les Ritals, de Cavanna
Cavanna raconte dans ce récit autobiographique son enfance à Nogent, en mettant l'accent sur son père, le maçon rital à l'accent à couper au couteau, au rire inénarrable, à la gentillesse profonde. L'affection qu'il éprouve pour ce père illettré et inculte est particulièrement émouvante, comme l'est aussi, de façon plus amère, l'image de sa mère, aigrie et méconnue. L'auteur dépeint un milieu pauvre d'immigrés italiens, la rue, les copains, l'école, les premiers émois sexuels, sa fugue romanesque. L'intérêt de ce livre est dans l'émotion qu'il dégage, grâce au style spontané, imagé, souvent drôle, et grâce à l'aspect désordonné de souvenirs et à l'authenticité qui s'en dégage.
04 juillet 2006
Le baiser (suite)
Quand hors de tes lèvres décloses,
Comme entre deux fleuris sentiers,
Je sens ton haleine de roses,
Les miennes, les avant-portiers
Du baiser, se rougissent d'aise,
Et de mes souhaits tous entiers
Me font jouyr, quand je te baise.
Car l'humeur du baiser apaise,
S'escoulant au coeur peu à peu,
Ceste chaude amoureuse braise,
Dont tes yeux allumoient le feu.
Ronsard.
Comme entre deux fleuris sentiers,
Je sens ton haleine de roses,
Les miennes, les avant-portiers
Du baiser, se rougissent d'aise,
Et de mes souhaits tous entiers
Me font jouyr, quand je te baise.
Car l'humeur du baiser apaise,
S'escoulant au coeur peu à peu,
Ceste chaude amoureuse braise,
Dont tes yeux allumoient le feu.
Ronsard.
03 juillet 2006
C'est les vacances
Oraux et copies de bac terminés, me voilà en vacances... Au singulier, ce terme est synonyme de vide ; au pluriel, il est plein de promesses, amusant, non ? Je lisais je ne sais plus où que justement on voulait de plus en plus remplir les vacances : la mode est au tourisme culturel, aux activités de toutes sortes, et le farniente a mauvaise réputation. Ce n'est pas faux. Le vide fait peur. Alors que les vacances devraient être pleines de vide, si tant est que le repos et la détente soient assimilables au vide.
Je suis la première à ne pas supporter l'inaction, l'inutile, le temps perdu à ne rien faire. Je ne suis pas sans ignorer non plus qu'il y a probablement là-dedans moins de caractère que d'angoisse. Il faut beaucoup de sérénité pour apprécier le vide et regarder le temps passer sans avoir envie de l'attraper. Toujours courir n'est pas forcément le signe d'une saine vitalité.
Dans quelques jours, je lâche pinceaux, truelles et autres enduits pour une chaise-longue au bord de la mer. Et en route pour la zen attitude.
Je suis la première à ne pas supporter l'inaction, l'inutile, le temps perdu à ne rien faire. Je ne suis pas sans ignorer non plus qu'il y a probablement là-dedans moins de caractère que d'angoisse. Il faut beaucoup de sérénité pour apprécier le vide et regarder le temps passer sans avoir envie de l'attraper. Toujours courir n'est pas forcément le signe d'une saine vitalité.
Dans quelques jours, je lâche pinceaux, truelles et autres enduits pour une chaise-longue au bord de la mer. Et en route pour la zen attitude.
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