Sommes nous tous fragiles ?
J'ai assisté au dernier jour d'un procès pour double homicide : un homme d'une cinquantaine d'années a assassiné sa femme et l'amant de celle-ci, à coups de fusil. Il n'a jamais nié, n'a pas remis en cause la préméditation, ne s'est même pas défendu. Il paraissait hébété et n'a prononcé que quelques mots pour demander pardon à la famille de l'homme qu'il avait tué et à ses propres enfants. L'avocate de la partie civile dans son réquisitoire l'a accusé d'insensibilité et de narcissisme, elle a rejeté l'idée de "crime passionnel", reprenant l'analyse du psychiatre qui avait expliqué que cet homme avait été en gros été obsédé par sa propre douleur d'avoir été trompé et abandonné. Tout faisait de lui un assassin brutal. Il a été condamné à 30 ans de prison.
Pourtant, le déroulement des faits et même le portrait et l'attitude de l'accusé m'ont donné l'impression d'un homme qui avait perdu les pédales, pas le jour du meurtre mais pendant une longue période, que la douleur avait rendu progressivement fou, jusqu'à son geste ultime ; d'un homme pris dans un engrenage fait de sentiment d'injustice, de solitude, de trahison, de souffrance intime. Jusqu'au meurtre atroce.
A sa place, qu'est-ce qui nous aurait retenu ? Ce qui est arrivé à cet époux routier, père de famille, sans histoire jusque-là, est au départ d'une consternante banalité ; sa personnalité ne m'a pas semblé véritablement atypique non plus. L'éducation, la culture, l'intelligence sont-elles véritablement des garantes pour nous empêcher de franchir les limites ? Qu'est-ce qui nous rend plus fort pour ne pas succomber à la colère ou à la douleur ?
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1 commentaire:
Ce qu'il m'intéresserait de connaitre, c'est la proportion d'hommes agissant ainsi dans de telles circonstances, comparée à celle des femmes.
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