Surtout ne pas faire de vagues, surtout ne pas faire de bruit, surtout ne pas prendre de risque, voilà le mode de fonctionnement de notre société aujourd'hui, pour employer de grands mots pompeux qui n'en sont pas moins une triste, une désolante et une effroyable vérité.
Des faits : je me suis insurgée (poliment) contre ma hiérarchie, arguments à l'appui, devant le fait que nous étions en tant que professeurs de français, submergés e charges de travail notamment de surveillance d'examens, au moment de préparer les oraux, alors que d'autres professeurs n'ont aucune correction, aucun oral. Réponse : diffamation, mépris. Et désolidarisation de mes collègues pourtant concernés comme moi, et au nom de qui j'ai pris aussi la parole. On se croirait dans Matin brun, quand les protagonistes estiment à chaque mesure que bon, quand même, ça pourrait être pire...
Et puis voilà que quelques professeurs disent dans la presse ce qu'ils pensent de la réforme de l'organisation du bac, sans polémiquer, avec des nuances, sans remettre en cause des personnes, en disant simplement : que faire travailler les élèves de seconde plus tard, c'est bien mais qu'il y a quelques dysfonctionnements. On aurait pu parler des gros coups de gueule et on s'est efforcés d'être objectifs, et on se fait taper sur la gueule ! Comme quoi on n'avait rien à dire, ou à en référer d'abord à nos supérieurs !! MERDE !!! La liberté d'expression est-elle en train de mourir ? L'esprit de solidarité aussi ?
Je suis de plus en plus effrayée par l'inertie, par le protectionnisme des individus, par la "philosophie" culpabilisatrice du "te plains pas, ça pourrait être pire, t'as encore ça et ça".
Presqu'envie de violence...
23 juin 2008
21 juin 2008
PAN dans la gueule...
Nouvelle mutation : le lycée le plus pourri, à la réputation sulfureuse, à trois quarts d'heure de chez moi. Aucun de mes voeux n'a été satisfait. Après avoir perdu mes points il y a trois ans pour un poste qui en réalité n'en a jamais été un, j'en suis éjectée avec aucune possibilité d'avoir un poste qui m'intéresse et aucune voix au chapitre.
Après le choc, l'anéantissement, c'est la tristesse et sans doute l'angoisse qui vont occuper mon existence dans les semaines et les mois à venir. La sollicitude de mes collègues, unanime, me touche et me réconforte. La douleur de les quitter, de perdre la qualité de travail, de proximité avec laquelle va de paire la possibilité de s'investir, d'abandonner les projets, une place, une réputation... Nombreux sont et seront les regrets. Je carbure aux anxiolytiques pour limiter la casse, pour ne pas trop penser. Peut-être que je rencontrai des gens intéressants, peut-être que j'y aimerai aussi enseigner, peut-être que j'aurai encore un peu de temps pour faire du journalisme. Pour l'instant, j'essaie d'encaisser. La solitude de l'été qui approche sera encore plus lourde que ce que je craignais.
Après le choc, l'anéantissement, c'est la tristesse et sans doute l'angoisse qui vont occuper mon existence dans les semaines et les mois à venir. La sollicitude de mes collègues, unanime, me touche et me réconforte. La douleur de les quitter, de perdre la qualité de travail, de proximité avec laquelle va de paire la possibilité de s'investir, d'abandonner les projets, une place, une réputation... Nombreux sont et seront les regrets. Je carbure aux anxiolytiques pour limiter la casse, pour ne pas trop penser. Peut-être que je rencontrai des gens intéressants, peut-être que j'y aimerai aussi enseigner, peut-être que j'aurai encore un peu de temps pour faire du journalisme. Pour l'instant, j'essaie d'encaisser. La solitude de l'été qui approche sera encore plus lourde que ce que je craignais.
14 juin 2008
Une petite histoire
L'autre jour, alors que je bêchais mon potager, mon voisin est venu me parler par-dessus la haie. Il est âgé, je ne l'ai jamais croisé ailleurs que là, en bordure de nos terrains, je ne connais même son nom. Nous n'avions échangé jusque là que des propos sur le temps et sur nos plantations. Ce jour-là, il m'a annoncé qu'il allait déménager le mois prochain ; ainsi en a décidé sa femme, appuyée par son médecin car sa santé ne lui permet plus autant d'activité dans son jardin qu'avant. Mais il part la mort dans l'âme, même si c'est tout près. Et le voilà qui éclate en sanglots.
La détresse de ce papi m'a émue. Et une fois de plus, je n'ai pas compris comment dans un couple, des décisions importantes sont prises par un seul membre, et que l'autre se plie.
La détresse de ce papi m'a émue. Et une fois de plus, je n'ai pas compris comment dans un couple, des décisions importantes sont prises par un seul membre, et que l'autre se plie.
13 juin 2008
Beurk : les enfants des autres
Les enfants, déjà, sont une race que j'approche avec méfiance. Autant que les adultes ceci dit : peu m'agréent. Mais quand des amis vous infligent leurs progénitures, leur éducation chez vous, et qu'il faut faire gouzi-gouzi quand ils partent planquer vos clefs de bagnole sous l'oeil attendri de leur môman, des amitiés ont de quoi se briser.
Il s'agit donc de la fin d'une amitié qui, à l'heure des attirances et des découvertes, augurait pourtant d'une longue et dense histoire. Certes, des désaccords quant à l'engagement politique, une lâche absence de solidarité au boulot, ont terni une confiance et un plaisir à être ensemble, mais le coup des enfants n'a rien arrangé, bien au contraire. Pour commencer, j'avais lancé une invitation pour une personne, et il m'a été imposé deux "charmants enfants" (aux dires de la mère, évidemment) ; ajoutons que j'ai ai appris dans la soirée avoir échappé de peu à l'ajout inopiné du mari, qui heureusement, n'avait pas souhaité venir (vive le foot ?). Pourtant âgés de trois et un an, les délicieux rejetons ont partagé l'intimité de la soirée jusqu'à 22h30 ; ils m'ont cassé un pied de tomate, et un bibelot offert ; déménagé divers objets dans la maison et dans le jardin ; transporté de l'herbe dans les pièces. Leur mère les a laissés sans me demander mon avis manger dans leur lit qui est aussi mon canapé, et les exempte manifestement de politesse : s'ils savent prendre sans demander, s'ils savent dire je veux quand l'objet est inaccessible, merci ou pardon n'appartient pas au vocabulaire nécessaire.
Je n'en ai qu'un plus grand amour pour les enfants agréables, joyeux et polis qui viennent chez moi, et à leurs parents, qui savent aussi exister sans eux !!
Il s'agit donc de la fin d'une amitié qui, à l'heure des attirances et des découvertes, augurait pourtant d'une longue et dense histoire. Certes, des désaccords quant à l'engagement politique, une lâche absence de solidarité au boulot, ont terni une confiance et un plaisir à être ensemble, mais le coup des enfants n'a rien arrangé, bien au contraire. Pour commencer, j'avais lancé une invitation pour une personne, et il m'a été imposé deux "charmants enfants" (aux dires de la mère, évidemment) ; ajoutons que j'ai ai appris dans la soirée avoir échappé de peu à l'ajout inopiné du mari, qui heureusement, n'avait pas souhaité venir (vive le foot ?). Pourtant âgés de trois et un an, les délicieux rejetons ont partagé l'intimité de la soirée jusqu'à 22h30 ; ils m'ont cassé un pied de tomate, et un bibelot offert ; déménagé divers objets dans la maison et dans le jardin ; transporté de l'herbe dans les pièces. Leur mère les a laissés sans me demander mon avis manger dans leur lit qui est aussi mon canapé, et les exempte manifestement de politesse : s'ils savent prendre sans demander, s'ils savent dire je veux quand l'objet est inaccessible, merci ou pardon n'appartient pas au vocabulaire nécessaire.
Je n'en ai qu'un plus grand amour pour les enfants agréables, joyeux et polis qui viennent chez moi, et à leurs parents, qui savent aussi exister sans eux !!
Snif
Aujourd'hui peut-être, dernier cours dans le lycée où j'ai fait mes armes pendant 7 ans, où j'ai appris et aimé mon boulot, où j'ai rencontré beaucoup, beaucoup de gens précieux, riches, des vrais humains drôles, généreux, intéressants. Et non, je n'idéalise même pas.
Je suis un peu plus prête que les autres années à ce que cette belle histoire se termine, sans doute grâce à mon deuxième boulot, qui a élargi mon univers d'activité, et à l'espoir qu'ailleurs aussi, de belles histoires se passent. Y'a pas de raison.
Cette dernière heure de cours a eu lieu avec quelques élèves de première venus réviser le bac : bonne humeur, sourires, un peu de boulot quand même aussi. Et une heure que ma meilleure amie est venue partager, afin de les interroger avant leur vrai oral dans une dizaine de jours : du sérieux, et notre complicité profonde. Si c'était la fin, c'est une belle fin.
Je suis un peu plus prête que les autres années à ce que cette belle histoire se termine, sans doute grâce à mon deuxième boulot, qui a élargi mon univers d'activité, et à l'espoir qu'ailleurs aussi, de belles histoires se passent. Y'a pas de raison.
Cette dernière heure de cours a eu lieu avec quelques élèves de première venus réviser le bac : bonne humeur, sourires, un peu de boulot quand même aussi. Et une heure que ma meilleure amie est venue partager, afin de les interroger avant leur vrai oral dans une dizaine de jours : du sérieux, et notre complicité profonde. Si c'était la fin, c'est une belle fin.
07 juin 2008
Un triomphe
Ainsi que nos répétitions et sans doute encore plus notre osmose le laissaient augurer, les représentations se sont très, très bien passées.
La première, pour les scolaires, a été étonnamment calme, on s'attendait bien sûr à un public difficile, mais il a été attentif, réceptif, et a apprécié. Nous, le stress nous a bien noué l'estomac avant, et il y a eu quelques couacs de texte et de changements de décor, mais on était aussi très contents de nous. Les quelques heures entre les deux représentations ont encore été fort sympathiques : chacun faisant selon son envie, puis repas commun. Et le soir, un peu moins de stress général, davantage de couacs techniques, mais un nouveau triomphe : le public composé cette fois de la population et des anciens ouvriers dont notre pièce racontait un peu la vie ont été extrêmement réceptifs. Beaucoup d'émotion aussi quand ils sont montés sur la scène à la fin. Les louanges ont fusé pour tout le monde pendant longtemps, et on était tous ravis, excités, fiers.
Une très, très belle histoire.
La première, pour les scolaires, a été étonnamment calme, on s'attendait bien sûr à un public difficile, mais il a été attentif, réceptif, et a apprécié. Nous, le stress nous a bien noué l'estomac avant, et il y a eu quelques couacs de texte et de changements de décor, mais on était aussi très contents de nous. Les quelques heures entre les deux représentations ont encore été fort sympathiques : chacun faisant selon son envie, puis repas commun. Et le soir, un peu moins de stress général, davantage de couacs techniques, mais un nouveau triomphe : le public composé cette fois de la population et des anciens ouvriers dont notre pièce racontait un peu la vie ont été extrêmement réceptifs. Beaucoup d'émotion aussi quand ils sont montés sur la scène à la fin. Les louanges ont fusé pour tout le monde pendant longtemps, et on était tous ravis, excités, fiers.
Une très, très belle histoire.
04 juin 2008
Enthousiasme
A ceux qui ne savent pas l'intensité du bonheur de faire du théâtre, voilà une petite histoire.
Au lycée, on a monté, un peu à la va comme je te pousse, une pièce qui sera jouée dans deux jours. Casting difficile à mettre en place, texte revu et corrigé en permanence, beaucoup d'inexpériences et de vicissitudes techniques... Bref, on est une bande d'élèves et de profs, beaucoup n'ayant jamais fait de théâtre, qui avons pris à bras le corps un texte et une mise en scène. Et plus l'échéance approche, plus l'enthousiasme et l'investissement grandissent. Petits rôles et rôles majeurs, profs et élèves, tout le monde est dans la même barque avec la même envie de réussir et la même peur au ventre, et surtout le même plaisir. Incroyable, génial, jouissif... Peu importe la performance dont nous serons capables vendredi ; c'est une très belle histoire que nous vivons en ce moment. Et en tant qu'enseignant, on est fier du rapport qui s'est dessiné avec les élèves, de leurs incroyables progrès, et de leur étonnant dynamisme, alors que ce sont des ados à profil pas du tout littéraire.
Allez, on va faire péter la baraque !!
Au lycée, on a monté, un peu à la va comme je te pousse, une pièce qui sera jouée dans deux jours. Casting difficile à mettre en place, texte revu et corrigé en permanence, beaucoup d'inexpériences et de vicissitudes techniques... Bref, on est une bande d'élèves et de profs, beaucoup n'ayant jamais fait de théâtre, qui avons pris à bras le corps un texte et une mise en scène. Et plus l'échéance approche, plus l'enthousiasme et l'investissement grandissent. Petits rôles et rôles majeurs, profs et élèves, tout le monde est dans la même barque avec la même envie de réussir et la même peur au ventre, et surtout le même plaisir. Incroyable, génial, jouissif... Peu importe la performance dont nous serons capables vendredi ; c'est une très belle histoire que nous vivons en ce moment. Et en tant qu'enseignant, on est fier du rapport qui s'est dessiné avec les élèves, de leurs incroyables progrès, et de leur étonnant dynamisme, alors que ce sont des ados à profil pas du tout littéraire.
Allez, on va faire péter la baraque !!
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