29 janvier 2006

Naturel / Pas naturel

Quand on dit que l'homosexualité est une déviance, quelque chose de pas naturel, voilà ce que je me dis : certes, l'humain, en ce qu'il est animal, est naturellement porté vers le sexe opposé, dans un souci instinctif de procréation. Si l'on admet que nous sommes des animaux, que nous devons agir en accord avec Mère Nature, alors oui, l'homosexualité est une déviance. Mais l'essentiel de nos comportements l'est alors aussi ! Manger sans avoir faim n'est pas naturel, la contraception n'est pas naturelle, se maquiller n'est pas naturel, décorer sa maison n'est pas naturel, travailler non plus n'est pas naturel !! Etc etc.
L'homophobie, qui prend pour garantie la Nature, est donc grotesque, avant même d'être malfaisante. Et quand des médecins se drapent derrière leur jargon et leurs années d'étude pour balancer ce genre d'énormités, je frémis d'horreur. Notre intelligence a fait sans doute que nous ne sommes plus des animaux, que nous ne sommes plus tout à fait naturels mais qu'au contraire notre évolution consiste en un constant trafic de la Nature.
Respecter la Nature n'a rien à voir avec le fait de croire s'y conformer, car personne n'a envie de revenir à l'état animal.

26 janvier 2006

Lecture : Moins que zéro, de Bret Easton Ellis

Dopée par la lecture du dernier ouvrage de Bret Easton Ellis, j'ai voulu lire le premier. Il était étudiant lorsqu'il a écrit ce récit qui narre la période de congé d'un... étudiant qui rentre chez lui. Pendant plusieurs semaines, ce ne sont qu'histoires de sexe et de drogue dans un milieu où personne n'a rien à perdre, où la vie est beaucoup trop aisée pour avoir une quelconque saveur.
Je suis loin d'avoir été séduite comme je l'ai été par Lunar Park, mais j'ai lu Moins que zéro sans déplaisir. L'histoire en elle-même est assez peu intéressante ; en revanche la froideur de la narration m'a fait penser une fois de plus à Crash de Ballard. On retrouve dans ces deux récits des personnages glaçants, qui ont "tout pour être heureux", pour avoir sinon une vie facile, au moins une vie banale, et qui essaient des plaisirs extrêmes et malsains, sans pour autant réveiller leur sensibilité.
J'ai un peu pensé aussi à L'Attrape coeurs, de Salinger, mais ce qui est troublant, c'est qu'il y a cinquante ans, le jeune bourgeois américain de 18 ans était révolté par le manque de tendresse et qu'il cherchait partout un peu de passion. Avec Bret Easton Ellis, (comme avec Ballard), il semblerait qu'il n'ait rien trouvé.

23 janvier 2006

Crépuscule depuis ma fenêtre

La Toile : et le monde réel dans tout ça ? (suite)

Sur le net, l'identité est une notion ambiguë, en tout cas différente de la réalité, de même que la notion de propriété. On peut tout y prendre sans que l'on puisse véritablement qualifier cela de vol ou de plagiat. On essaie d'appliquer des règles du monde réel, notamment pour tout ce qui concerne les copies de films et de musique mais cela me paraît bien vain. On ne peut pas fonctionner dans le monde de l'internet avec les règles qui réagissent la société, c'est tout simplement impossible, ingérable et même, cela n'a plus de sens. C'est un autre monde, avec d'autres voix et d'autres lois. Ces dernières restent à définir, sans doute, mais une chose me paraît certaine : on ne peut pas les calquer sur d'autres.
Tous les blogueurs renvoient à d'autres blogs, tous les sites renvoient à d'autres sites et utilisent des informations et des images qui viennent d'autres pages web. Il s'agit là d'une vaste communauté où l'individualité telle que nous la connaissons n'existe plus. Je n'émets là aucun jugement de valeur. Je me demande surtout quelle est la transformation que ce mode de communication de plus en plus présent (au point que le terme de "monde virtuel" devienne absurde) va avoir sur nos modes de communication réels, sur nos existences.

22 janvier 2006

La Toile : et le monde réel dans tout ça ?

L' "affaire Garfieldd", pas encore tout à fait close mais en tout cas momentanément apaisée, suscite beaucoup de réactions et d'interrogations. Au-delà de la réaction extrêmement dure de nos dirigeants envers lui, on peut voir aussi la crainte et l'ambiguïté qui règnent dans tout ce qui touche le monde de l'internet.
Il est très différent de lire un blog de quelqu'un que l'on ne connaît pas (en croyant apprendre à le connaître !) et de lire celui de quelqu'un que l'on connaît vraiment, et de reconnaître les lieux, les événements et les personnes qui sont décrites. Non, ce n'est pas pareil. Les blogueurs qui défendent Garfieldd (j'en suis bien sûr ! mais je le défends en tant que collègue) me semblent oublier ce paramètre.
Qui est-on lorsqu'on écrit un blog ? Lorsqu'on commente ? Lorsqu'on réagit ? L'identité que l'on a sur la Toile me paraît très floue. Dire que l'on est soi-même me paraît très facile et très faux ; se cacher (ou se montrer ?) derrière un pseudonyme est tout aussi équivoque.
Que cherche-t-on lorsque l'on "parle" sur la Toile ? Le blog intime est le cas extrême de cette étonnante contradiction qui apparaît possible, entre une impudeur totale et un enfermement complet. On livre le plus personnel et en même temps on se cache derrière un faux nom, et on attend des réactions de gens inconnus, dont on ne sait qu'un faux nom également.
La voix des blogueurs se fait de plus en plus entendre et écouter, mais cette voix, si elle est forte, ne me paraît pas pour autant bien claire.

20 janvier 2006

HOURRA !

Ce soir, le ministre a publié un communiqué de presse, dans lequel il dit revenir sur la sanction infligée à Garfieldd. OUF !!!
Restons vigilants quand même...




19 janvier 2006

Au sujet du "devoir de réserve"

Les choses ont l'air de bouger dans le bon sens pour notre ami Garfieldd. Les soutiens se multiplient, les articles que l'on peut lire ou entendre soulignent l'incohérence manifeste de la sanction (rappelons que qu'il n'y a aucune poursuite judiciaire à la suite de la révocation, ce qui prouve bien que celle-ci ne s'appuie en fait sur rien de véritablement grave) et les voix s'élèvent d'un peu partout (pour avoir toutes les infos, allez voir ). Plus la rumeur sera forte, plus elle aura de chances d'être entendue.
Je m'interroge ce soir sur ce "devoir de réserve" que notre proviseur aurait transgressé. Qu'en tant que fonctionnaire, en charge d'une mission d'éducation auprès d'élèves, on n'ait pas le droit de faire de prosélytisme, d'accord. En matière de politique, d'idéologie, de sexualité. D'accord. Garfieldd n'est pas accusé de cela : ses qualités de chef d'établissement ont été prouvées et il n'a jamais mêlé sa vie privée à l'exercice de sa fonction.
Alors, si un élève surprend un de ses enseignants en maillot de bain sur la plage ; s'il le surprend un peu éméché en boîte de nuit fêtant l'anniversaire d'un ami ; s'il le surprend main dans la main, bouche contre bouche avec quelqu'un dans une salle de cinéma ; s'il le surprend dans sa vie quotodienne, personnelle, privée, le professeur manque-t-il à son devoir de réserve ? Comment pourrait-on répondre oui à cette question ?
Alors, en quoi Garfieldd, qui ne s'est montré que dans sa sphère privée, avec ses goûts, ses réflexions, ses histoires, manque-t-il à son devoir de réserve ?

18 janvier 2006

Flagrant délit d'injustice

On se demande, on se demande de plus en plus ce qu'il en est de notre démocratie.
Un proviseur est révoqué : mesure extrêmement grave puisqu'elle est infiniment rare et qu'elle punit le condamné à ne plus jamais exercer dans la fonction publique, à ne recevoir aucune indemnité, bref, à une espèce de mort sociale. Alors on se dit que le délit est forcément terriblement grave, lui aussi. Logique : notre justice est juste, non ?... NON ?
Il a tué, violé, détourné de l'argent ce proviseur ? Non. Il a écrit des mots et publié des photos que l'Institution a qualifiés de "pornographiques". Et à quoi ça ressemble cette pornographie ? Des mecs en slip, une paire de fesses, des histoires d'amour. Mais il ne fait pas bien son travail ? Si si, il était très bien noté, un parcours exemplaire. Les gens qui travaillent avec lui s'en sont plaint ? Ah non, jamais, au contraire, il est très apprécié. Ah oui, ce proviseur est homo. Est-il concevable que ce soit cela qu'on lui reproche ?
J'ajoute que ce proviseur, j'ai travaillé trois ans avec lui et que c'est le meilleur proviseur que j'ai connu. On l'a nommé dans notre lycée pour le sauver d'un proviseur incompétent et nuisible (qui lui a été envoyé dans un plus grand lycée dans une autre académie) ; et en trois ans il a redressé la barre. Tout le monde lui en a été reconnaissant et a regretté son départ.
J'ajoute encore que j'ai lu son blog et que je l'aimais beaucoup : il écrit très bien et c'était émouvant, drôle, intelligent, sentimental. Mais absolument jamais "pornographique", ni même indécent.
J'ajoute enfin que je suis bouleversée et révoltée par ce qui lui arrive, comme tous ceux autour de moi qui le connaissent.
De nombreux blogueurs comme Ron offrent des liens pour consulter les articles liés à cette terrible histoire et des extraits du blog incriminé. Heureusement, la presse est plutôt avec lui. Un avocat blogueur publie une lettre ouverte au ministre dont on ne peut qu'espérer qu'elle trouvera écho auprès de ceux qui ont le pouvoir sur notre existence. Il est de notre devoir de défendre ce proviseur qui n'a commis aucun crime, et de nous insurger contre cette sanction démesurée et injustifiée, pour lui mais aussi pour nous tous. La formule est pompeuse mais je pense qu'elle est vraie : l'heure est grave pour notre démocratie et nos libertés individuelles.

16 janvier 2006

Lecture : Lunar Park, de Bret Easton Ellis

Difficile de parler de ce livre. Il est inclassable : si la première partie est clairement autobiographique, le roman proprement dit est d'une teneur beaucoup plus vague et dérangeante, ce qui participe grandement de son charme.
Au début, l'auteur raconte son parcours d'écrivain et c'est déjà captivant parce qu'il retrace son fulgurant succès parallèlement à sa déchéance personnelle, avec une simplicité et un détachement déconcertants par rapport à l'énormité de ce qu'il raconte. Ensuite démarre une histoire à la fois étrange et familière. Il est toujours Bret Easton Ellis, et la narration continue à s'apparenter à de l'autobiographie, mais interviennent des événements surréalistes pour ne pas dire complètement fous.
Dans Crash, de Ballard, il y avait déjà ce mélange singulier de réalité et de fiction, notamment à cause du fait que l'auteur se mettait en scène en utilisant son propre nom pour le personnage principal, et que les événements ne semblaient pas tout à fait futuristes. Le lecteur est fortement dérouté par cette limite indécise entre vérité et fiction et ce principe est omniprésent dans le récit d'Ellis. Sa lecture est une expérience complètement nouvelle.
Sans doute est-ce pour cette raison que cet auteur est parfaitement moderne : l'incertitude entre les mondes réel et virtuel, entre la vie privée et la vie publique, est indubitablement le phénomène le plus emblématique du XXIe siècle. Les notions d'intimité et de réalité sont en plein bouleversement avec l'importance grandissante du monde virtuel, qui existe de plus en plus.
Le livre d'Ellis est donc déroutant et passionnant.

15 janvier 2006

La patate chaude : c'est mon tour

Paraît que ça tourne au sein des blogs et on m'a défié de m'y coller, alors je m'y colle...

Les 7 choses que je veux faire avant de mourir :
- apprendre plein de choses par coeur (parce que je n'ai pas la mémoire que je voudrais, même pour les choses que j'adore)
- écrire des choses simples et surtout impérissables
- 50 super parties de jambes en l'air
- rouler à 200km/h sur circuit dans une super bagnole
- contribuer à empêcher l'installation d'une droite fascisante au pouvoir
- finir mon analyse
- manger des ris de veau et des huîtres chaudes

Les 7 choses que je sais bien faire :
- me moquer des autres
- le magret de canard au miel et au cumin
- chanter dans ma voiture
- les massages
- les listes de choses à faire
- rêver
- poser des questions

Les 7 choses que je ne sais pas faire :
- m'empêcher d'être impatiente
- le calcul mental
- travailler quand j'ai pas envie
- m'assoir en tailleur
- mentir
- lire sans sauter des passages
- jouer avec des enfants plus d'un quart d'heure

Les 7 choses qui m'attirent dans le sexe opposé :
- le poil brun (sur la tête uniquement)
- le manque d'intérêt manifesté pour ma personne
- l'humour
- l'intelligence discrète
- la propreté (genre qui pisse pas sur le bord de la cuvette)
- les connaissances dans tous les domaines où je n'y connais rien
- les mains

Les 7 choses que je dis souvent :
- "genre"
- "qui craint de souffrir souffre déjà de ce qu'il craint" (c'est Montaigne qui l'a dit avant moi)
- "ça me troue le cul"
- "non? pas possible !"
- " j'ai plein de cheveux blancs"
- "vivement ce soir qu'on se couche"
- "j'ai faim"

Les 7 béguins pour des célébrités :
- Johnny Depp
- Montgomery Cliff (je sais, il est mort, et en plus il était homo)
- Bruce Willis
- Anthony Perkins (je sais, idem que Montgomery)
- Thomas Fersen
- Nicole Kidman
- Sharon Stone

Tout ceci au pied levé ; c'est-à-dire que dans deux heures j'aurais envie de tout changer. Mais il y a quand même du vrai dans tout ça.

14 janvier 2006

Youpi : Y'a de l'action

Le pire ennemi du bonheur et de la joie de vivre, c'est l'ennui. Toutes les dépressions ont pour symptôme principal l'inaction, le manque d'énergie et de volonté. Alors, même si on est un peu débordé, même si ça va un peu trop vite et pas toujours exactement comme on veut, ni de façon très simple, quand y'a de l'action, ça va bien. Faire bouger les choses, être un acteur de son existence, c'est bon ! On évite de penser à des choses stériles, on vit, quoi.

11 janvier 2006

Lecture : Une Voix dans la nuit, d'Armistead Maupin

Je ne connais rien de meilleur qu'être plongée dans un livre. Il y a dans certains plaisirs de lecture une intensité dont je ne sais aucun équivalent. Le roman de Maupin, Une Voix dans la nuit, m'a absorbée de façon dense et délicieuse. Ce n'est sans doute pas un chef d'oeuvre révolutionnaire mais il y a une magie certaine dans ce livre.
L'histoire, écrite à la première personne, raconte l'histoire d'un écrivain relativement célèbre qui vient de se faire plaquer par l'homme de sa vie et qui fait la connaissance d'un jeune garçon. Ce dernier est malade du sida à la suite de traumatismes effroyables subis dans son enfance par ses propres parents. Comme il habite à l'autre bout des Etats-Unis, les deux personnages construisent une amitié téléphonique, jusqu'à ce que le narrateur commence à douter de l'existence réelle de l'enfant.
L'originalité du roman réside essentiellement dans le fait qu'il mêle une intrigue sentimentale assez traditionnelle à un véritable thriller. Le cocktail est émouvant et captivant. A lire !

08 janvier 2006

Lecture : Code zéro, de Ken Follett

Un pas de plus dans la réconciliation avec Ken Follett, même si on est toujours très très loin des Piliers de la Terre, avec le thriller intitulé Code zéro.
L'intrigue, pourtant, a quelque chose d'un peu obsolète dans la mesure où, ça faisait longtemps, on retrouve l'affrontement entre les vilains soviétiques et les bons américains. Mais en fait, le contexte de la guerre froide n'est pas l'occasion d'un dithyrambe en faveur des Etats-Unis ni d'une diatribe contre les malfaisants communistes. Certes, l'auteur nous glisse quand même que c'est en espionnant l'Amérique que les russes ont réussi à être les premiers à envoyer une fusée dans l'espace, et que donc ils n'ont jamais dominé réellement cette science, mais bon. L'histoire est bien ficelée et on dévore. De quoi passer un bon week-end en s'aérant la tête.

07 janvier 2006

Beurk : les histoires de sousous

Devenir propriétaire est une perspective qui me réjouit ; qui m'angoisse aussi mais surtout qui me galvanise. Je suis contente d'avoir sauté ce pas que je n'envisageais même pas il y a encore six mois. Mais il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis.
Mais il y a une chose détestable, c'est la question de l'argent. Et encore, je sais très bien que j'ai de la chance dans la mesure où trouver de l'argent ne va pas être difficile. Non, ce qui est "beurk", c'est de devoir traiter avec les banques. Spéculer, monnayer, rentabiliser, extorquer, voilà un monde incoutournable de nos sociétés actuelles. Sous couvert de notre intérêt bien évidemment, des milliers de gens empochent des millions. Il y a quelque chose de complètement surréaliste dans l'importance hénaurme qu'occupe la finance par rapport à la réalité qui nous entoure. Ce qui détermine nos vies, ce sont des chiffres sur des ordinateurs. La monnaie n'existe même plus en vrai, et elle n'était déjà qu'un objet symbolique.
Je suis assez nulle en maths et fatiguée par les discours de ces voleurs professionnels, mais je me laisserai le moins possible déplumer.

Lecture : Un an, de Jean Echenoz


La littérature contemporaine française, c'est parmi ce qui manque le plus à ma culture. Alors, quand j'ai entendu, durant mon émission culte, à savoir Le Masque et la Plume, ce nom d'auteur qui m'était déjà vaguement familier, je me suis précipitée dans ma médiathèque préférée pour lire un ouvrage de : Jean Echenoz.
J'ai choisi le plus petit, on ne sait jamais.
Eh bien, je l'ai lu vite mais je n'ai pas éprouvé de déplaisir ni de véritable plaisir. L'histoire étrange et froide de cette jeune femme qui fuit Paris et tombe dans la déchéance matérielle m'a parfois fait penser un peu à une ambiance kafkaïenne : du réalisme banal et du fantastique en même temps. Mais à part ce sentiment d'étrangeté, je n'ai rien trouvé de particulièrement attachant dans ce petit roman.

04 janvier 2006

Mais où va-t-on ?...

Franck Pavloff, dans sa brève nouvelle Matin Brun, fait réfléchir sur l'installation de la tyrannie à cause de l'individualisme et de la passivité de chacun. On se dit bien sûr qu'on ne serait pas comme ça, qu'on serait moins naïf, moins égoïste et moins soumis. On se rassure et on y croit. Et puis c'est du conditionnel. Et puis...
Et puis de temps en temps, de plus en plus souvent d'ailleurs, on apprend des petites choses étranges : derrière les grands discours des politiques, les choses changent et pas dans le sens des discours, comme c'est bizarre. On prône la tolérance, on vilipende l'extrême-droite, on se dit progressiste et soucieux du bien d'autrui, etc. Et puis on se rend compte qu'on a beau manifester, on ne se fait jamais entendre : les lois passent quand même. Y'en a même d'autres qui arrivent et du jour au lendemain on n'a plus qu'à faire avec.
Tiens ça me rappelle une petite phrase comme je les aimais, ado, parce qu'elle avait quelque chose d'un peu facile et de rebelle en même temps : la dictature, c'est ferme ta gueule, et la démocratie, c'est cause toujours. Aujourd'hui cette petite phrase ne résonne plus tout à fait pareil à mes oreilles. J'ai presque peur, parfois, sans oser tout à fait me le dire : dans le pays des droits de l'homme, dans ce modèle de démocratie qu'est la France, serait-il possible que l'opinion des citoyens ne compte plus ? Serait-il possible que tout ne soit pas transparent? Serait-il possible qu'un cadre de la fonction publique soit suspendu parce qu'il est homo et qu'il ne l'a pas dissimulé ? Ah oui, ça c'est vrai, je l'ai appris par hasard mais chut, top secret.
Mulder, X-files, un feuilleton américain, la théorie du complot gouvernemental, on nous cache tout on nous dit rien... fiction, hein ? Pas de ça chez nous, n'est-ce pas ; non, ça se saurait...

Lecture : La Part de l'autre, d'Eric-Emmanuel Schmitt

Moyennement convaincue par Mes Evangiles mais poussée par l'envie d'être séduite par l'auteur français, prolixe et célèbre qu'est Emmanuel Schmitt, j'ai entamé La Part de l'autre avec curiosité et j'ai d'ailleurs lu ce pavé très rapidement. Malheureusement, je ne l'ai pas aimé.
Il s'agit de la double biographie d'Adolf Hitler depuis le résultat du concours d'entrée aux Beaux arts à Vienne, jusqu'à sa mort. Le principe qui a conduit l'auteur a été, dit-il, de montrer l'humanité du personnage et d'imaginer ce qu'il serait devenu s'il était devenu peintre.
Je viens de lire plusieurs critiques élogieuses et franchement je ne comprends pas. Que l'oeuvre ne soit pas déplaisante à lire, certes, mais c'est bien le seul agrément que l'on peut y trouver et compte-tenu de l'ambition du récit, cette qualité me paraît fort faible.
Aucun des deux récits ne m'a paru crédible : ni le récit de la vie imaginée de l'artiste Adolf H., ni celle du véritable dictateur. L'une comme l'autre m'ont paru très caricaturales. Le peintre d'abord, humble et sensible voit surtout se dérouler un destin irréprochable grâce à une psychanalyse express, radicale et grotesque par Freud himself, et par l'apprentissage d'une sexualité généreuse. Grâce à cela, Hitler exècre la guerre, vénère son grand ami homosexuel, s'épanouit en France, épouse une juive (parce qu'il adore les juifs, évidemment). Quant au véritable Hitler, aigri par son échec artistique, galvanisé par la guerre où son coeur bat seulement pour un chien errant (son envie de vengeance naît évidemment de l'assassinat insupportable dudit toutou par un obus ennemi), durci par une absence de sexualité, je ne l'ai pas non plus trouvé convaincant du tout.
Qu'Hitler soit un être humain, on n'avait pas besoin de Schmitt ni de ce roman pour l'apprendre. Que tout aurait été différent s'il avait été admis aux Beaux arts, c'est probable. Mais qu'il aurait pu ressembler à ce personnage sensible et avoir ce parcours idéal, non, on n'y croit pas. Plus grave me semble-t-il est cette mise en parallèle avec cet Hitler réel, dont l'auteur prétend nous faire la biographie intime, et qui sombre lui aussi dans la caricature.

01 janvier 2006

1er janvier !

On n'est pas plus loin d'hier que d'avant-hier et pourtant, le 1er janvier, c'est pas pareil. Même si c'est plus symbolique qu'autre chose, la date marque un nouveau départ, une nouvelle impulsion : il y a dans l'air une énergie qu'il n'y avait pas le 31 décembre !
Je souhaite à tous ceux que j'aime que 2006 soit une bonne année, avec son lot de joies et de surprises, de continuités utiles et de changements bienfaisants.
Je souhaite à tous ceux qui le méritent (notion très relative, je sais bien) de récolter les fruits de leur valeur et de réussir dans ce qu'ils entreprennent.
Et puisque je m'aime très beaucoup et que je le mérite vachement, je me souhaite une excellente année, pleine de variétés et de nouveautés, de joies amicales et amoureuses, de projets et de progrès dans tous les domaines !