29 mars 2007

Chronique philosophe (hic) (3) : Socrate et Platon

Au Ve s. av. JC, en Grèce, Socrate n'écrit rien (comme Bouddha et Jésus) mais réinvente la philosophie et fait naître la philosophie occidentale, en centrant sa réflexion uniquement sur le plan humain, se conformant ainsi à l'étymologie du mot : amour de la sagesse, la philo-sophia a pour objectif de trouver le moyen de bien vivre. Les divinités, les réflexions sur le cosmos, sortent du champ. Et pour cela, il faut comprendre l'essence des choses.
Le monde dans lequel nous vivons est double : d'un côté le monde sensible, changeant, mortel et de l'autre, le monde intelligible, celui des Idées, qui échappe au temps et au mouvement. Le premier permet d'accéder au second qui est le seul réel et vrai. L'amour physique n'est ainsi qu'une étape pour parvenir à l'amour du Bien. Et le gouvernement idéal n'est pas une démocratie (le régime en place à l'époque) mais un gouvernement de philosophes éclairés.
On connaît Socrate par son disciple Platon qui a voué sa vie à son maître : le jeune aristocrate qui voulait être poète tragique a suivi l'enseignement de Socrate, puis, à la mort de celui-ci (condamné à mort pour blasphème et tentative de corruption de la jeunesse) il couche sur le papier ses leçons, livrant ainsi pour les siècles qui l'ont suivi une colossale pensée, à la fois cohérente et multiple.

24 mars 2007

Lecture : La Fascination du pire, de Florian Zeller

Avis positif mais sans enthousiasme. J'ai bien aimé la pirouette finale, cet énigmatique effet de manche qui clôt le récit de ce voyage de deux auteurs au Caire pour une série de conférences. Ce qui m'a en fait dérangé, c'est que je n'ai pas su ce que l'auteur voulait vraiment raconter. L'histoire part dans plusieurs directions sans qu'aucune aboutisse véritablement : portraits ? réflexions sur l'amour ? fiction moderne sur les rapports de l'orient et de l'occident ? Il y a de tout cela et d'autres sujets encore, pas inintéressants au demeurant, mais on ne sait pas quel est le véritable propos.

22 mars 2007

Lecture : Les Jours fragiles, de Philippe Besson

Ce roman sous forme de journal intime raconte les derniers mois de la vie de Rimbaud au travers de sa soeur Isabelle, avec qui il a partagé son agonie. J'aime la pudeur et l'humilité de l'auteur dans son ambition de faire vivre un grand auteur comme dans En l'absence des hommes avec Marcel Proust. J'aime également sa prose lyrique, son attention aux sentiments sans verser dans l'analyse psychologique. Mais j'ai été ici moins émue par les personnages que dans l'ouvrage lu précédemment. Celui d'Isabelle Rimbaud notamment m'a paru manquer d'unité : à la fois désuet et moderne. Quant au poète, je ne l'ai pas trouvé aussi sympathique et coloré que j'aurais aimé. Lecture de parti pris, certes, mais quelle lecture ne l'est pas, surtout lorsque l'on a déjà une image du sujet !

20 mars 2007

"Les chercheuses de poux", de Rimbaud, 1871.

Quand le front de l’enfant, plein de rouges tourmentes,
Implore l’essaim blanc des rêves indistincts,
Il vient près de son lit deux grandes sœurs charmantes
Avec de frêles doigts aux ongles argentins.

Elles assoient l’enfant auprès d’une croisée
Grande ouverte où l’air bleu baigne un fouillis de fleurs
Et, dans ses lourds cheveux où tombe la rosée,
Promène leurs doigts fins, terribles et charmeurs.

Il écoute chanter leurs haleines craintives
Qui fleurent de longs miels végétaux et rosés
Et qu’interrompt parfois un sifflement, salives
Reprises sur la lèvre ou désirs de baisers.

Il entend leurs cils noirs battant sous les silences
Parfumés ; et leurs doigts électriques et doux
Font crépiter, parmi ses grises indolences,
Sous leurs ongles royaux, la mort des petits poux.

Voilà que monte en lui le vin de la Paresse,
Soupir d’harmonica qui pourrait délirer :
L’enfant se sent, selon la lenteur des caresses,
Sourdre et mourir sans cesse un désir de pleurer.

17 mars 2007

Chronologie sommaire de l'Antiquité Egyptienne

- Période archaïque : de 3000 à 2660 av. JC env.
Unification de la Haute et Basse Egypte qui seraient à l'origin e des peuples différents.
Première Dynastie de pharaons.
- Ancien Empire : de 2660 à 2180 env.
Commence avec la IIIe Dynastie, jusqu'à la VIe.
Pharaon célèbre : Djoser, à qui l'on doit la construction de la première grande pyramide, celle de Saqqarah, conçue par l'architecte Imhotep.
- Première période intermédiaire : de 2180 à 2040 env.
Période de chaos, sous les VIIe et VIIIe Dynasties.
- Moyen Empire : de 2040 à 1780 env.
Période de renouveau et de conquêtes, de la IXe à la XIIe Dynastie.
- Deuxième période intermédiaire : de 1780 à 1560 env.
Période très méconnue, de la XIIIe à la XVIIe Dynastie.
Invasion des Hyksos, qui prennent le pouvoir.
- Nouvel Empire : de 1560 à 1070 env.
De la XVIIIe à la XXe Dynastie.
Période faste, de prospérité, de conquêtes et d'arts.
Règne de la reine Hatchepsout, d'Aménophis IV-Akhenaton (et sa femme Néfertiti) qui tente l'instauration d'un monothéisme, de Ramsès II qui réduit les Hébreux en esclavage et provoque leur exode conduit par Moïse.
Le dernier paharaon de cette période est Toutankhamon, mort dans des circonstances mystérieuses à 18 ans et dont la tombe a été découverte à la fin des années 20.
- Basse époque : de 1070 env. à 332
XXIe à XXXe Dynastie.
Décadence progressive de l'Empire égyptien qui se voit plusieurs fois dominé par les Perses, jusqu'à la conquête d'Alexandre le Grand en 332.
- Période hellénistique : 332 - 30 av. JC
L'Egypte s'affaiblit de plus en plus, jusqu'à devenir une province romaine. Cléopâtre (VII) est la dernière reine.

16 mars 2007

Citation

"C'est le téléphone, et notamment le portable, qui a définitivement assassiné la pratique de la correspondance. Je pense souvent à ces femmes qui vivaient dans l'espérance, sur le gage d'une seule lettre d'amour, quand l'autre, par exemple, partait à la guerre. Les mots avaient alors une force redoutable puisqu'ils décidaient des vies. On attendait, et on faisait confiance même sans nouvelle de l'autre pendant des périodes infinies. Aujourd'hui on commence à paniquer dès qu'on ne parvient pas à le joindre sur son portable. Que fait-il ? Pourquoi ne répond-elle pas ? Avec qui est-il ? L'angoisse a gagné du terrain. Nous sommes entrés dans une période sans retour qui signe la fin de l'attente, c'est-à-dire de la confiance et du silence".
Florian Zeller, La Fascination du pire.

14 mars 2007

Anniversaire

Cela fait un an jour pour jour que je suis propriétaire. L'occasion de me congratuler un peu pour cette décision, pour toutes celles qui ont suivi concernant les travaux, et pour le résultat. Pas une seconde je ne regrette ce que j'ai entrepris et je suis fière d'avoir accompli tout cela. Aujourd'hui je suis bien dans ma maison choisie et arrangée par mes soins. Du beau boulot pour mon home sweet home.

13 mars 2007

Des larmes

J'ai tardivement compris ce que les larmes ont de sain et de réparateur. Pleurer était signe de faiblesse, était laid, et inutile. Mais non. Pleurer libère et apaise. Mais ne pleure pas qui veut. Certaines douleurs, certaines tensions restent nouées au niveau de la gorge et l'incapacité à pleurer revient à dire que le mal ne s'évacue pas, reste en dedans, à tourner. Bien sûr, il ne suffit pas de verser des larmes pour que les soucis disparaissent mais ils sont un premier pas pour aller de l'avant. Aujourd'hui je reconnais le soulagement de pleurer, mais je n'y parviens pas. Les bleus à l'âme prennent parfois du temps pour commencer à se résorber. C'est con, j'ai pas un petit Elephant man à me mettre sous l'oeil... Un oignon peut-être ?

11 mars 2007

Lecture : Cul de sac, de Douglas Kennedy


Cela ne vaut pas du John Irving, mais on passe un agréable moment.
Le récit raconte l'incroyable voyage d'un américain parti à l'aventure en Australie sur un coup de tête et qui se retrouve marié et prisonnier dans une communauté d'affreux en plein bush. Les personnages souvent ne brillent pas pas la finesse de leur portrait (la jeune épousée et son père en particulier, la soeur au coeur tendre non plus) mais l'ensemble se laisse lire avec plaisir pour l'humour et l'action.

09 mars 2007

"Tout ce que vous direz pourra être retenu contre vous"

Il me semble parfois que pour se faire entendre, il faut se taire, et que pour obtenir ce que l'on désire, il est également plus efficace de laisser les autres agir.
Ceux qui parlent, qui expliquent, délibèrent, se mettent en colère, demandent, sont ceux qui agissent. Et ceux qui n'obtiennent souvent rien. En face, ceux qui laissent dire et ne font preuve que de patience, obtiennent en général ce qu'ils veulent. Je me souviens d'une amie qui vantait les mérites d'un médecin qui, devant la maladie de sa mère, au contraire des autres, "ne s'était pas trompé". En réalité, s'il ne s'était pas trompé, c'était uniquement parce que c'était le seul à ne pas s'être prononcé.
Parler est souvent utile et même indispensable, mais il est de nombreux cas où c'est aussi s'exposer, se mettre en danger et... se faire avoir.

08 mars 2007

Les parents aiment-ils nécessairement leurs enfants ?

Admettons qu'aimer signifie éprouver de l'intérêt, de l'attachement, du goût pour quelqu'un, et que le plus souvent cette attirance, sans être parfaitement fortuite, revêt toujours une forme de découverte (et de plaisir). Aimer, c'est aimer l'autre, même si ce n'est pas que cela.
Il y a déjà une forme de prévision dans l'amour qu'est censé porter un parent à son enfant, autrement dit cet amour est prémédité, pensé avant la présence de l'autre ; ensuite, il peut être déçu ou confirmé.
Il n'est pas de relation plus soumise à des schémas préétablis que les relations entre parents et enfants. Il est communément admis que les parents doivent aimer leurs enfants. Pourtant, est-ce nécessairement le cas ? Ne le confond-on pas souvent plutôt avec le lien du sang, ou le sentiment de devoir, de filiation et le poids des préjugés ? Je crois que tous les parents n'aiment pas leurs enfants, et que tous les enfants (mais là, la tradition l'envisage davantage) n'aiment pas leurs parents. Mais dans le premier cas, les ravages sont bien plus importants car il est indubitable qu'on a besoin d'amour pour grandir et devenir soi, d'être aimé pour aimer à son tour.

06 mars 2007

Citation de circonstance

"La grande amitié n'est jamais tranquille".
Mme de Sévigné

Expirateur

Y'a les aspirateurs, que tout le monde connaît n'est-ce pas. Et dans l'ordre d'idée exactement inverse, il y a l'expirateur. L'aspirateur a pour fonction d'aspirer poussières, déchets microscopiques et ainsi d'assainir en ôtant les polluants de notre environnement, je n'apprends rien à personne. L'expirateur a pour fonction, lui, d'évacuer les déchets qui sont à l'intérieur. Il est moins célèbre que sont pendant mais a une fonction très utile également puisque chacun sait que nous emmagasinons en nous-mêmes un certain nombre de détritus micoroscopiques plus ou moins toxiques, du type idées noires, questions sans réponses, images obsédantes, envie de suicide, certitude de notre non valeur, etc. L'expirateur a donc un rôle fondamental qui est d'expulser ces parasites et d'assainir, lui aussi. Il se présente sous la forme de loisirs, de lectures, voyages, de conversations, de proximité avec des entités positives de type amical, etc. A utiliser sans modération.

04 mars 2007

Courage fuyons

La douleur rend aveugle et la gentillesse ne paie pas toujours.
La tentation guette tout le monde de s'enfermer dans sa façon de penser, dans son égocentrisme, dans son unique point de vue. Les circonstances, les rencontres, l'intelligence aussi sont des facteurs qui permettent de ne pas succomber à ce travers. La souffrance quant à elle l'accentue. Quand on a mal et que la douleur submerge l'être, il est très difficile de parvenir à prendre de la distance, à se regarder avec lucidité ni même à porter attention à un tiers. Et en plus de se faire encore plus mal à soi-même, on fait mal aux autres. La spirale de douleur dans laquelle on est entraîné, une fois franchi un certain cap, ne cherche plus qu'à entraîner les autres avec soi ; les mieux intentionnés étant les victimes les plus faciles. La commisération est inutile et dangereuse auprès de gens qui ont perdu le contact avec autre chose que leur propre problème. Toute générosité n'est pas bonne à prodiguer.