C'est étrange les coïncidences, parfois... En deux semaines, j'ai retrouvé les principaux lieux de mon passage de l'adolescence à l'âge adulte : à l'occasion d'une formation, me voilà revenue une douzaine d'années en arrière, dans le quartier de mon lycée. Période trouble, pas vraiment heureuse. Deuxième partie de la formation : la fac. J'ai même croisé un de mes anciens profs, qui me reconnaît, à ma grande surprise. Période plus heureuse, pleine de découvertes. Et hier, invitation familiale et je me retrouve là où j'ai passé mon année de stage en tant que prof, dans le Calvados. Beaucoup d'émotions. Aussitôt après, dès que j'ai eu mon premier vrai poste, ce fut dans ma vie un tournant, le passage à l'indépendance et à la maturité.
C'est assez indéfinissable, ces impressions qui vous envahissent quand vous revenez dans des lieux tellement habités et tellement lointains, familiers et étrangers. Cela ne se passe pas qu'au niveau de la conscience : on est touché, remué, malgré soi, au-delà des souvenirs qui affleurent. Assez dérangeant, en fait.
30 mai 2007
28 mai 2007
Lecture : La Ligne noire, de Jean-Christophe Grangé
J'avais lu, il y a quelques années de cela, deux romans de JC Grangé et je me souviens n'avoir pas beaucoup aimé : cela me faisait penser à des thrillers américains très esthétiques, bourré d'effets spéciaux, de voyages exotiques, et de rebondissements sanglants. C'est un genre de film que j'apprécie et que j'oublie, mais en polar, je cherche autre chose. Je suis beaucoup plus emballée que La Ligne noire que ce à quoi je pouvais m'attendre même si je peux lui faire des reproches similaires.
L'histoire raconte l'obsession d'un journaliste pour un tueur réfugié en Malaisie et comment il parvient à l'approcher et à comprendre son rituel et sa folie. Je ne serais pas honnête si je niais que j'aie été captivée jusqu'à la dernière ligne. Il n'en reste pas moins que, à peu près aux deux tiers du récit, celui-ci commence à verser dans l'improbable, l'excessif, presque le fantastique. On bascule progressivement dans un autre type de polar, dans le genre "Seven", qui n'est pas sans suspense, loin de là. Mais c'est moins bien.
L'histoire raconte l'obsession d'un journaliste pour un tueur réfugié en Malaisie et comment il parvient à l'approcher et à comprendre son rituel et sa folie. Je ne serais pas honnête si je niais que j'aie été captivée jusqu'à la dernière ligne. Il n'en reste pas moins que, à peu près aux deux tiers du récit, celui-ci commence à verser dans l'improbable, l'excessif, presque le fantastique. On bascule progressivement dans un autre type de polar, dans le genre "Seven", qui n'est pas sans suspense, loin de là. Mais c'est moins bien.
26 mai 2007
Lecture : Geisha, d'Arthur Golden
Le récit consiste en un une autobiographie fictive : celle d'une petite fille de pêcheurs d'un village japonais, qui se retrouve vendue à une okiya, c'est-à-dire une maison qui forme des geishas. Elle va en devenir une, célèbre et convoitée, mais au prix d'énormes souffrances.
L'intérêt de ce roman n'est pas dans l'histoire : le parcours à la Cosette de l'héroïne, la méchanceté caricaturale de nombreux personnages, les sentiments éthérés d'autres ... Bref, rien de bien original dans la narration. Mais nul doute que l'auteur s'est renseigné sur la vie des geishas dans la première moitié du siècle et de ce point de vue, on apprend beaucoup de choses sur les moeurs et coutumes japonaises et sur la transformation du Japon dans ces années-là.
L'intérêt de ce roman n'est pas dans l'histoire : le parcours à la Cosette de l'héroïne, la méchanceté caricaturale de nombreux personnages, les sentiments éthérés d'autres ... Bref, rien de bien original dans la narration. Mais nul doute que l'auteur s'est renseigné sur la vie des geishas dans la première moitié du siècle et de ce point de vue, on apprend beaucoup de choses sur les moeurs et coutumes japonaises et sur la transformation du Japon dans ces années-là.
20 mai 2007
Lecture : Un Garçon d'Italie, de Philippe Besson
Troix voix se succèdent tout au long de ce roman : celles de Luca, Anna et Léo. Le premier vient de mourir d'énigmatique façon, la seconde est sa compagne, belle femme de bonne famille, le troisième est son amant secret, un jeune prostitué.
On se prend vite à cette voix fantastique venue d'outre-tombe, qui voit, entend, pense. On suit l'histoire remémorée ce cet homme qui s'est lié à deux personnes très différentes, on s'attache aux âmes des protagonistes, et on attend patiemment la résolution de l'énigme de sa mort.
Mais ce qui est le plus plaisant dans ce livre, c'est la douceur de l'écriture. Il me semble que c'est le mot qui convient le mieux à la prose subtile, lente et vive, qui s'attache à décrire précisément les sentiments des personnages. Même pour évoquer les douleurs les plus violentes, les mots et les phrases sont à la fois justes et doux. Il y a peu de dialogues et peu d'actions, mais grâce à cette qualité d'écriture, on ne s'ennuie pas une seconde.
On se prend vite à cette voix fantastique venue d'outre-tombe, qui voit, entend, pense. On suit l'histoire remémorée ce cet homme qui s'est lié à deux personnes très différentes, on s'attache aux âmes des protagonistes, et on attend patiemment la résolution de l'énigme de sa mort.
Mais ce qui est le plus plaisant dans ce livre, c'est la douceur de l'écriture. Il me semble que c'est le mot qui convient le mieux à la prose subtile, lente et vive, qui s'attache à décrire précisément les sentiments des personnages. Même pour évoquer les douleurs les plus violentes, les mots et les phrases sont à la fois justes et doux. Il y a peu de dialogues et peu d'actions, mais grâce à cette qualité d'écriture, on ne s'ennuie pas une seconde.
17 mai 2007
Lecture : C'était la guerre des tranchées, de Tardi
La guerre de 14-18 est une horreur fascinante. Longtemps méconnue, d'apparence lointaine, et incompréhensible, elle apparaît comme un gouffre de barbarie pour peu que l'on s'y penche. A l'occasion d'un voyage scolaire de deux jours dans la Somme au mois de février, j'ai touché du doigt cette période de notre histoire que je connais très mal. La visite des tranchées, de la citadelle de Verdun en particulier, ce lieu terrible de "villégiature" pourtant pour les soldats, les récits, les paysages, les cimetières si nombreux, tout a été profondément marquant. Mais toujours aussi incompréhensible, voire davantage. Le degré d'horreur est hors de portée.
J'ai étudié avec les élèves quelques (magnifiques) lettres d'Apollinaire adressées à Lou, qui donnent une idée du désespoir et de l'angoisse de la mort que le soldat pouvait ressentir. Dans la bande-dessinée de Tardi, qui dit avoir écrit en hommage à son grand-père Poilu, on perçoit, au travers de multiples histoires d'anonymes, le cauchemar de ces quatre années, la folie abjecte de ces affrontements, la souillure profonde des corps et des âmes... On touche à l'indicible.
J'ai étudié avec les élèves quelques (magnifiques) lettres d'Apollinaire adressées à Lou, qui donnent une idée du désespoir et de l'angoisse de la mort que le soldat pouvait ressentir. Dans la bande-dessinée de Tardi, qui dit avoir écrit en hommage à son grand-père Poilu, on perçoit, au travers de multiples histoires d'anonymes, le cauchemar de ces quatre années, la folie abjecte de ces affrontements, la souillure profonde des corps et des âmes... On touche à l'indicible.
Virage et accélération
Depuis quelques semaines, ma vie s'est modifiée : au calme, à la routine, voire à l'ennui suscité aussi par le ressassement d'un hiver bouleversant et douloureux, succède une période d'activité diverse et intense. Eh ouais, j'ai un deuxième boulot : presque journaliste, domaine spectacles, annonces et reportages pour le canard local. Alors je me documente dans des domaines où je ne connais quasiment rien, vais à des spectacles, rencontre des gens, fais des photos. Et c'est super. J'ai également repris un travail psychologique nécessaire. Je n'ai plus beaucoup de temps pour lire, pour penser mais, même si je n'ai pas encore pris vraiment la mesure de ce nouveau rythme, je crois que j'ai de la chance.
11 mai 2007
Est-ce que j'aime mon métier ?
Un des traits caractéristiques des profs, c'est sans doute leur propension à se plaindre. Des élèves, de la dégradation des conditions de travail, de la hiérarchie, du manque de moyens, des emplois du temps, etc etc. Mais par delà ces lamentations, il y a au fond je crois un constant sentiment d'insatisfaction. Prof est un métier profondément ingrat : notre mission est la plus noble, la plus grande et la plus lourde qui soit, et chacun de nous en a conscience, avec comme corollaire inévitable la conscience de notre impuissance et de nos imperfections.
Instruire, éduquer, élever, faire apprendre, comprendre, choisir ; être une autorité, un modèle, un repère, un juge, un soutien... Que de taches à accomplir en si peu de temps et à tant d'élèves différents à la fois, avec juste notre savoir, notre envie, notre personnalité, notre humeur ! Tous les profs sont des gens complexés et humbles au fond, et la limite avec la dépression est de ce fait très fragile. On a tous la peur au ventre avant d'entrer en cours, à des degrés divers selon l'année, avec une conscience plus ou moins aiguë selon les circonstances, représentant évidemment un handicap dans des cas particuliers, mais elle ne nous quitte jamais, car on ne sait jamais tout à fait ce qui nous attend. Et la préparation des cours, la connaissances des élèves, les années d'expérience, ne la font jamais disparaître totalement.
Mais pour peu que l'on sache gérer cette distance entre s'investir et se préserver, la clef de voûte du bon enseignant, il y a beaucoup de satisfactions. Pour ma part, j'ai la chance de travailler avec des collègues dans un climat extrêmement agréable : mûs par une façon assez proche de voir les élèves, de souhaiter leur réussite, de les comprendre, le travail d'équipe est un plaisir et un moteur. Ensuite, le contact avec les élèves est la source la plus fréquente mais aussi la plus aléatoire, du bonheur dêtre enseignant. Toute la vie du prof dépend de ce lien qui se fait avec son public : bon, mauvais, ténu, tendu, chaleureux, tout est possible et rien n'est jamais pareil avec deux classes ni avec deux élèves. Tous les profs que je connais aiment, d'une manière ou d'une autre, leurs élèves, parce qu'ils souhaitent profondément leur réussite : c'est le piège et la source. On ne peut pas ne pas être touché, impliqué, investi, même si c'est dur souvent, de subir leur indifférence, leur échec, leur paresse, et je ne parle même pas de leurs problèmes personnels qui entrent en jeu bien souvent. Nous représentons l'autorité, la contrainte, l'ordre, le devoir. Se plaindre, c'est fréquemment essayer de mettre à distance ce lien humain dont on ne peut faire l'économie mais qui ne doit pas nous envahir. Nous sommes avant tout des enseignants, mais les élèves ne sont pas que des écoutants ou des exécutants !! Ce serait trop simple !
Alors oui, je crois que j'aime mon métier même si je m'en plains beaucoup. S'en plaindre, c'est peut-être le gage de notre volonté de le faire bien et de notre humilité devant l'immensité de la tache et des résultats que notre fonction obtient en réalité.
Instruire, éduquer, élever, faire apprendre, comprendre, choisir ; être une autorité, un modèle, un repère, un juge, un soutien... Que de taches à accomplir en si peu de temps et à tant d'élèves différents à la fois, avec juste notre savoir, notre envie, notre personnalité, notre humeur ! Tous les profs sont des gens complexés et humbles au fond, et la limite avec la dépression est de ce fait très fragile. On a tous la peur au ventre avant d'entrer en cours, à des degrés divers selon l'année, avec une conscience plus ou moins aiguë selon les circonstances, représentant évidemment un handicap dans des cas particuliers, mais elle ne nous quitte jamais, car on ne sait jamais tout à fait ce qui nous attend. Et la préparation des cours, la connaissances des élèves, les années d'expérience, ne la font jamais disparaître totalement.
Mais pour peu que l'on sache gérer cette distance entre s'investir et se préserver, la clef de voûte du bon enseignant, il y a beaucoup de satisfactions. Pour ma part, j'ai la chance de travailler avec des collègues dans un climat extrêmement agréable : mûs par une façon assez proche de voir les élèves, de souhaiter leur réussite, de les comprendre, le travail d'équipe est un plaisir et un moteur. Ensuite, le contact avec les élèves est la source la plus fréquente mais aussi la plus aléatoire, du bonheur dêtre enseignant. Toute la vie du prof dépend de ce lien qui se fait avec son public : bon, mauvais, ténu, tendu, chaleureux, tout est possible et rien n'est jamais pareil avec deux classes ni avec deux élèves. Tous les profs que je connais aiment, d'une manière ou d'une autre, leurs élèves, parce qu'ils souhaitent profondément leur réussite : c'est le piège et la source. On ne peut pas ne pas être touché, impliqué, investi, même si c'est dur souvent, de subir leur indifférence, leur échec, leur paresse, et je ne parle même pas de leurs problèmes personnels qui entrent en jeu bien souvent. Nous représentons l'autorité, la contrainte, l'ordre, le devoir. Se plaindre, c'est fréquemment essayer de mettre à distance ce lien humain dont on ne peut faire l'économie mais qui ne doit pas nous envahir. Nous sommes avant tout des enseignants, mais les élèves ne sont pas que des écoutants ou des exécutants !! Ce serait trop simple !
Alors oui, je crois que j'aime mon métier même si je m'en plains beaucoup. S'en plaindre, c'est peut-être le gage de notre volonté de le faire bien et de notre humilité devant l'immensité de la tache et des résultats que notre fonction obtient en réalité.
06 mai 2007
6 mai 2007
Aujourd'hui on change de président. Il fait gris et froid, comparativement aux dernières semaines estivales, entraînant morosité voire angoisse. Peu d'espoir que la France fasse le bon choix. A lire la presse, à écouter beaucoup de personnalités politiques ou journalistiques, un état rétrograde, dangeureux pour les libertés, est en marche. Méfiante envers toutes les avalanches d'informations, ou naïve, ou stupide, je ne veux pas tout à fait croire que le pays va sombrer dans un régime fachisant. Du débat entre les 2 finalistes (le vocabulaire sportif employé par tous les journalistes a quelque chose de dérisoire), je retiens un échange en particulier : Sarkozy cherchant piéger Royal en lui disant qu'elle est incapable de dire exactement ce qu'elle va faire et de donner des chiffres. Celle-ci s'en sort en lui répliquant qu'elle ne peut pas en effet, parce qu'elle ne veut pas gouverner de façon péremptoire en prétendant être la seule savoir et à décider. Depuis longtemps, c'est sans doute la raison qui n'a jamais vacillé dans mon esprit maladroit en matière politique : voter pour Royal, c'est voter pour un gouvernement, une équipe, et donc un parti. Voter pour Sarkozy, c'est voter pour une personne.
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