24 février 2006

A quoi ça sert d'être cultivé ?

A quoi ça sert, mmh ? De citer des vers, de savoir la date de naissance de Copernic, de connaître la chronologie exacte des conflits israëlo-palestiniens, d'avoir lu les rapports sur les derniers tests de vaccins contre le sida ? A part briller dans les dîners, mais plus personne ne va dans les dîners.
Nulle boutade, c'est une vraie question. Je cherche.
Ah. Peut-être que cela permet de mieux profiter du monde qui nous entoure : au lieu de ne voir que la surface des choses, on en perçoit les tenants, les aboutissants, la valeur. Connaître des choses permet de comparer, d'évaluer, d'apprécier.
Exemple : si je ne connais pas Brassens, Barbara, Brel ou Gainsbourg, je m'extasie devant les textes de Florent Pagny. Si je ne connais pas l'auteur du Cid, je trouve que Corneille est un super nom pour un chanteur. Si je n'ai pas lu Homère, mon épopée favorite, c'est La Guerre des étoiles.
Merde, j'adore La Guerre des étoiles.

22 février 2006

Poème

N'en déplaise à ceux qui pensent que Mallarmé est un poète artificiel...

Apparition

La lune s'attristait. Des séraphins en pleurs
Rêvant, l'archet aux doigts, dans le calme des fleurs
Vaporeuses, tiraient de mourantes violes
De blancs sanglots glissant sur l'azur des corolles.
C'était le jour béni de ton premier baiser.
Ma songerie aimant à me martyriser
S'enivrait savamment du parfum de tristesse
Que même sans regret et sans déboire laisse
La cueillaison d'un Rêve au coeur qui l'a cueilli.
J'errais donc, l'oeil rivé sur le pavé vieilli
Quand avec du soleil aux cheveux, dans la rue
Et dans le soir, tu m'es en riant apparue
Et j'ai cru voir la fée au chapeau de clarté
Qui jadis sur mes beaux sommeils d'enfant gâté
Passait, laissant toujours de ses mains mal fermées
Neiger de blancs bouquets d'étoiles parfumées.

Je ne comprends rien, mais ça m'émeut.

21 février 2006

Aphorisme

"Si vous nagez dans le bonheur, soyez prudent, restez là où vous avez pied".

Marc Escayrol, auteur de Mots et grumots, dictionnaire humoristique.

Lecture : L'Hôtel New Hampshire, de John Irving


Ce roman ne vaut peut-être pas Une prière pour Owen, L'Oeuvre de Dieu la part du diable ou Le Monde selon Garp mais on retrouve les ingrédients des fresques de John Irving.
Ses romans valent pour leur fantaisie d'une part et d'autre part pour la légereté avec laquelle ils abordent des thèmes graves ; ici la mort, le suicide, l'inceste. Pour le foisonnement des idées, je pense un peu à Pennac (que je préfère à Irving !). La quatrième de couverture vante le côté "hilarant" du récit, ce qui est à mon avis très exagéré. Mais si l'on aime les voyages, les personnages pittoresques et les aventures familiales bizarres, on est servi.

Télé et matraquage


Je n'ai pas les chaînes de télévision. A l'occasion, je me plante devant, ce qui sans doute fait que j'y découvre des choses nouvelles. Ce qui m'étonne le plus, c'est l'incroyable vitesse avec laquelle défilent les images. Le pire, ce sont les pubs : des dizaines de plans à la minute. Mais même pendant les émissions, la mode est aux mouvements incessants de caméra, aux changements brusques de plans et même aux superpositions puisque souvent des informations défilent en bas de l'écran ou bien sont en surimpression dans les coins. L'oeil et l'attention sont mis à rude épreuve. Par manque d'habitude, je suis surtout dérangée mais nul doute que si j'ai un jour à nouveau la télévision, je serais très vite conditionnée à nouveau.
Je ne m'étonne pas que les jeunes d'aujourd'hui soient incapables de concentration, de simplement prendre du temps pour faire quelque chose, une seule chose. Et il y a là un problème extrêmement grave. Ne pas savoir se concentrer, approfondir, c'est le symptôme de la bêtise. Si l'écran influe sur les comportements violents, c'est peut-être, non à cause des images de violence, mais parce qu'il encourage aux réactions épidermiques, non réfléchies.
Ah ! Vive la lenteur !

14 février 2006

Beurk : Une histoire d'herbe et de voisin...

Quand on est seul, on a envie de monde, quand on a le temps de dormir, on n'a plus sommeil, quand on a du temps, on n'a rien à faire, quand on n'en a plus, on est débordé, quand on est en famille, on voudrait le calme de la vie de célibataire... On passe notre vie à trouver que l'herbe est plus verte chez le voisin, ou dans une vie antérieure. Pourquoi la vie est-elle si mal foutue ? Pourquoi ne pourrait-on pas échanger de vie de temps en temps et avoir ce qu'on veut au moment où on en a besoin ? Pourquoi on ne peut pas se contenter de ce que l'on a ?
Je la sors à qui veut l'entendre, la sage phrase d'Epictète qui dit : "n'attends pas les événements arrivent comme tu le souhaites. Décide de vouloir ce qui arrive et tu seras heureux". Cela fait même une dizaine d'années, sans exagérer, qu'elle trône sur le tableau blanc de ma cuisine. Mais, comme quoi, la méthode Coué n'a pas de prise sur moi.

12 février 2006

Lecture : L'Or et la cendre, d'Eliette Abécassis

"Grand thriller métaphysique" dit la quatrième de couverture... C'est sans nul doute le but poursuivi par l'auteur, mais franchement, je n'ai pas marché.
Je ne suis pas sûre qu'un polar puisse prétendre à être autre chose qu'un polar ; en d'autres termes, je ne crois pas qu'un bon polar puisse être en même temps un essai philosophique, une dissertation théologique. Dans la première partie, les longues digressions répétitives sur l'amour m'avaient déjà agacées : non pas que je les trouve ridicules mais surtout lourdes, longues et incongrues. Mais dans la deuxième partie, les longues pages métaphyiques, spirituelles, exaltées, je les ai carrément trouvées insupportables. Tout cela pour finir en eau de boudin, dans le flou artistique, vaguement fantastique. Je crois que j'avais trouvé Qumran, le premier ouvrage de l'auteur, assez bavard, lourdement érudit, mais pas à ce point là.
Je crois décidément que l'art du polar, loin d'être simple, c'est l'art de l'action et de la concision.

11 février 2006

Jeu

Un pti jeu éducatif sur la sexualité... A quel niveau parviendrez-vous du premier coup ?

Lecture : La Maladie de Sachs, de Martin Winckler

Ma frénésie de lecture a connu un moment d'arrêt lors de La Maladie de Sachs. Non pas que j'ai eu véritablement du mal à le lire, mais cela m'a pris du temps, par manque de passion.
J'avais beaucoup aimé Les Trois médecins, publié après, mais racontant la vie de Bruno Sachs avant La Maladie de Sachs (on se croirait dans Star Wars !). J'avais bien aimé que selon les chapitres, les narrateurs soient différents et même si j'avais trouvé l'ensemble un peu embrouillé, et le rapprochemement avec Les Trois Mousquetaires finalement un peu ténu, l'histoire m'avait séduite.
La Maladie de Sachs utilise aussi cette technique de la multiplication des points de vue puisque les chapitres sont des épisodes médicaux racontés par les patients, la voix du personnage principal n'intervenant que rarement. J'ai eu du mal à identifier, à plusieurs reprises, les "je" qui prennent la parole et qui s'adressent à la deuxième personne au médecin. Cela m'a paru long, aussi. Le gentil et révolté médecin ne m'a pas semblé mériter ces 600 pages.
A noter que Martin Winckler a un site internet et que s'il lui sert ouvertement d'autopromotion, on peut y trouver aussi des informations médicales intéressantes.

Ces absents qui nous habitent...

Je n'ai jamais autant pleuré, je crois, que pour la mort de mon grand-père. Et presque dix ans plus tard, je ne peux l'évoquer sans que ma gorge se serre. Sans doute, je pense à lui de moins en moins souvent, mais il continue à surgir de façon fulgurante à certains moments de ma vie. Hier, l'idée m'a frappé (le mot n'est pas trop fort) que j'aurais vraiment aimé pouvoir discuter et partager des choses avec lui aujourd'hui. Quand il est mort, j'étais une autre, une gamine. Aujourd'hui, on aurait tant gagné à parler ensemble.
Curieusement, mais j'imagine que tout le monde ressent cela, j'ai constamment le sentiment qu'il m'accompagne. Son visage en photo, son souvenir, son existence, n'ont jamais cessé de m'être familiers. J'ai beaucoup changé mais lui est toujours là. Alors que des gens revus quelques années plus tard, voire moins que cela, peuvent nous paraître complètement étrangers.
Je n'ai aucune idée sur ce que la mort signifie et ce n'est même pas un sujet qui me préoccupe, mais une chose est sûre : sentir une présence, de même que vivre, sont des choses bien mystérieuses.

05 février 2006

Garfieldd : fin de l'affaire ?

Voilà, le ministre a revu sa copie : Garfieldd écope d'un an de suspension, dont 6 mois avec sursis. Il réintègre l'Educ naze le 4 août prochain.
C'est une victoire dans la mesure au regard de la sanction initiale : là-haut, on a quand même fait machine arrière.
Mais la sanction reste sévère, toujours contestable et dérangeante. Quoi qu'il en soit, sans doute vaut-il mieux garder toute cette histoire en mémoire : pour Garfieldd d'abord, parce que le sol doit toujours vibrer sous ses pas après ce séisme et que 6 mois de suspension, ce n'est pas forcément facile à envisager. Et puis parce que ce séisme n'est certainement pas un "hapax" (quelque chose qui n'apparaît qu'une fois) : il est la partie immergée d'un iceberg au milieu de la banquise. Et ne nous leurrons pas : le ministre n'a pas fait de mea culpa (Garfieldd n'a même pas été reçu par quelque instance mais informé par une secrétaire), il a seulement cédé au raz de marée médiatique. Alors restons vigilant.

01 février 2006

Youpi : Se "dépenser"

"Dé-penser", c'est arrêter de penser et DIEU QUE C'EST BON !! On dit toujours que l'esprit influence le corps, mais l'inverse est au moins autant vrai. Une heure à courir après un ballon, à frapper dans une balle, à n'avoir le cerveau connecté que sur les lignes de démarcation, etc... et ô combien avec la fatigue physique l'esprit s'allège !! S'oxygéner les neurones, c'est forcément s'occuper de son corps.
En ce moment, j'expérimente une autre forme de "dépense" : je chante. Enfin j'essaie. Mon impulsivité bêtasse a fait que je me suis portée (joyeusement) volontaire pour pousser la chansonnette et me voilà à passer mes mercredis après-midi à tenter d'éviter le ridicule en sortant mes poumons et mes tripes. Sacré défi quand on est seulement pro du solo sous la douche (en réalité c'est plutôt dans ma voiture que je braille le plus fort). Mais ces petites heures de tension ont le mérite elles aussi de m'aérer la tête, en plus de la gorge. Se faire violence, c'est quelque part se maintenir en bonne santé...