28 novembre 2005

Livre et film : Entretien avec un vampire

Il existe quelques thèmes ou figures qui ont engendré à toutes les époques des réécritures, littéraires ou filmiques. Le Vampire en fait partie. Depuis Bram Stocker, les buveurs de sang ont suscité nombre d'histoires plus ou moins réussies. Entretien avec un vampire, d'Anne Rice, fait partie dit-on, des chefs d'oeuvre du genre.
J'admets qu'il y a dans son roman beaucoup de trouvailles ingénieuses qui renouvellent le mythe : elle parvient à dessiner un monde parallèle au nôtre où les vampires ont un fonctionnement étrange, à la fois humain et décalé. Leur érotisme en particulier est quelque chose d'extrêmement troublant. Mais il me semble que toutes les valeurs de l'histoire sont gâchées par une overdose de lyrisme romantique. Les longues pages décrivant les errements psychologiques des personnages principaux sont largement inutiles et vont même jusqu'à ternir fortement l'envoûtement qu'ils suscitent chez le lecteur.
Le film de Neil Jordan, dont Anne Rice a fait le scénario, en l'ayant vu après avoir lu le roman, me semble plutôt réussi : la grande qualité de l'image, sombre et colorée, restitue le monde nocturne et capiteux dans lequel les vampires évoluent. Les acteurs sont excellents : Tom Cruise et Brad Pitt, mais aussi la jeune Kirsten Dunst, qui parvient à jouer une femme dans le corps d'un enfant. Je suis beaucoup plus mitigée quand au choix d'Antonio Banderas dans le rôle d'Armand : l'incroyable magnétisme qu'il est sensé susciter auprès de Louis (Brad Pitt) m'est paru peu perceptible. Et bien sûr, le film a été débarrassé du verbiage du roman.
Il ne me semble pourtant pas que l'on retrouve sur l'écran toute la magie, toute l'ambiguïté émotionnelle de la version écrite. Je crois en fait que j'aurais beaucoup plus apprécié le film si je n'avais pas lu le livre.

27 novembre 2005

D'anciens et nouveaux pouvoirs

Aujourd'hui les médias traditionnels (télévision et radio) ne sont plus du tout des organes de contre-pouvoir. Ils sont passés du côté du pouvoir, et n'occupent plus cette place de critique, de porte-parole du peuple, de contestation des hautes sphères. Ils le prétendent encore bien sûr, mais ce n'est plus le cas. Ils sont aujourd'hui le relais de ce dont ils se faisaient hier les observateurs, et prétendent en plus à avoir la même puissance.
C'est une généralité sans doute : il est probable que l'on peut encore trouver aujourd'hui des journalistes, des journaux, des émissions (ces dernières, pour cause d'audience, sont certainement fort peu nombreuses) qui sont encore indépendants et instructifs. Mais pour l'essentiel, il n'y a que du verbiage et un souci de protection, sans parler de la manne financière qui a investi depuis un certain temps déjà le domaine de l'information. Notre intelligence est encore sollicitée par la presse écrite, parce qu'elle a peu d'impact justement.
Cette démission du journalisme laisse la porte ouverte à d'autres moyens de s'informer, d'avoir un regard critique, subjectif mais sincère : les blogs notamment, organes d'information informelle qui ont au moins l'avantage de ne pas prétendre de façon hypocrite à l'objectivité. Ce n'est pas anodin : leur nombre augmente de façon exponentielle, autant du côté des créateurs que des lecteurs...

24 novembre 2005

Lecture : Le Sang du temps, de Maxime Chattam

Sans être capable d'avancer des chiffres pour rendre mon assertion imparable, je dirais que le polar est le genre littéraire qui règne en maître au sein de l'édition mondiale depuis la deuxième moitié du XXe siècle. J'ai le sentiment que non seulement chaque pays a son auteur phare de romans policiers mais qu'on trouve toutes les époques et tous les pays sont le cadre d'une histoire, et même d'une série policière. Exemples les plus célèbres : l'Antiquité chinoise avec les enquêtes du Juge Ti et le Moyen-âge européen avec le moine Cadfaël.
Le dernier ouvrage de Chattam est à l'image de cette variété des contextes puisqu'il se passe à la fois dans l'Egypte des années 20 et à une époque très contemporaine. C'est la première qualité du roman : les deux histoires progressent parallèlement avec une grande fluidité. On lui a reproché sa lenteur : il est certain qu'on est loin de la frénésie dans l'horreur de la trilogie précédente, mais on ne s'y ennuie pas pour autant. Ce que j'ai surtout aimé dans ce thriller, c'est ce que je n'ai pas trouvé dans le Da Vinci Code lu juste avant : des personnages qui ont une consistance, une finesse psychologique, et puis un peu de poésie dans les atmosphères évoquées.
Longtemps je n'ai pas aimé les polars, qui se réduisaient dans mon esprit à des intrigues plus ou moins bien ficelées, et parfaitement dénués de qualité littéraire. Certes, on publie encore des Mary Higgins Clark ; mais il y aussi des Maxime Chattam. Et là, le polar est hissé au rang d'oeuvre littéraire.

23 novembre 2005

Beurk : la mauvaise foi

Plus encore qu'à la bêtise ou à l'opposition totale sur un sujet, insupportable est de se heurter à la mauvaise foi.
Elle a ceci d'intolérable qu'il est impossible de discuter. On ne peut faire entendre raison à quelqu'un s'il fait preuve de ce manque d'intelligence qu'est la mauvaise foi. Je ne connais pas de comportement plus horripilant que celui-là, à cause de son injustice : celui qui fait preuve de mauvaise foi fait comme s'il avait raison, nie la réalité ou la vérité la plus évidente et se rend ainsi inaccessible. Il tend même à faire passer son interlocuteur pour un idiot. La meilleure attitude est de s'en détourner, mais ce n'est pas toujours facile !

20 novembre 2005

Musique : Thomas Fersen

Thomas Fersen (prononce-t-on le "s" de Thomas ?), il me semble que c'est d'abord du texte, et un art de la rime. Des bêbêtes souvent, du morbide fréquemment aussi, et beaucoup d'humour. Les personnages qui reviennent le plus souvent dans ses chansons sont à la fois banals et atypiques (l'assassin et son domestique dans "Monsieur", le gardien du cimetière dans "Croque") ; ou bien des petits hommes faibles et émouvants (bouleversant "Dugenou"). Il y a un peu de surréalisme chez Fersen ("La chauve-souris et le parapluie"). Difficile à classer, ce qui est sûr, c'est qu'il a une couleur bien à lui. Ses musiques y participent également : souvent entraînantes, que ce soit avec la guitare, l'accordéon, l'harmonica ou la violon. Il y a son débit aussi : grave et nonchalante, sa voix est gouleyante, comme un bon vin qu'on boirait le dimanche soir devant le feu de cheminée.
Sur scène, maigre et économe de son sourire et de ses mouvements, il campe son personnage dans son costume de clown noir et blanc. Avec ses acolytes au chapeau melon, ils ressemblent un peu aux héros de Orange mécanique. Thomas Fersen a en plus un regard très intense qui ajoute encore à la similitude avec l'Alex du film de Kubrick. Bref, il s'agit d'un personnage étrange et attachant, image qu'il cultive sans doute, et d'un excellent specimen de "chanson française", expression à laquelle il donne toutes ses lettres de noblesse.

19 novembre 2005

Livre et film : Kennedy et moi

Avant le film de Sam Karmann en 1999, il y a eu le roman de Jean-Paul Dubois. Les deux racontent l'histoire d'un homme qui a été écrivain, qui a épousé une femme et a eu deux enfants, et qui sombre dans la dépression avec beaucoup de cynisme et de cruauté.
Si le roman est intéressant, le film qui l'adapte est à mon avis bien mieux réussi encore. Le réalisateur a su rendre le personnage à la fois plus attachant et le tableau de la dépression encore plus poignant, sans une once de misérabilisme. Il a respecté l'histoire mais aussi ajouté des choses qui sont parmi les plus beaux moments du film, à savoir les visites du héros au vieil homme de la maison de retraite. C'est un film intime, pudique, dur et profondément attachant, magnifié par la présence et les silences de Jean-Pierre Bacri, la beauté de Nicole Garcia. Le rôle du psychanalyste à la mystérieuse montre gagne également en intensité avec le jeu, et la voix !, de François Chattot.

18 novembre 2005

Cinéma : Match point, de Woody Allen

Le cinéma de Woody Allen, ou plutôt sa caricature, c'est : au moins un homme névrosé, de belles femmes, New-York, des inquiétudes existentielles, l'humour (juif) et beaucoup de dialogues. Cocktail souvent jouissif d'ailleurs. Mais Match point se présente comme un ovni dans l'oeuvre du réalisateur : c'est un film grave, où la psychologie est plus subtile que bavarde.
Ce que j'ai aimé d'abord, c'est la surprise constante : on ne s'attend pas à ce qui va se passer et pourtant tout s'enchaîne. Ensuite, les personnages sont à la fois simples, sans être simplistes : le frère, les parents, ces bourgeois englués dans une morale extrêmement rigide ne sont pas une seconde brossés avec facilité. Enfin, les deux acteurs principaux sont remarquables, pour une raison très claire : dans le même film, dans la même histoire, ils nous attendrissent pour nous faire horreur ensuite, avec la même force.
En revanche, je regrette de n'avoir pas compris le fond du propos du cinéaste : l'idée qui ouvre le film, celle de ces instants de chance qui font basculer une vie, ne m'a pas paru refléter l'histoire, alors qu'on y revient aussi à la fin. Le parcours du héros montre un enchaînement de calculs et pas à quel point l'existence dépend d'un coup imprévisible du destin.

16 novembre 2005

Beurk : l'entrée dans l'hiver

Voir les arbres se dénuder et la température chuter ; ne plus pouvoir vivre les fenêtres ouvertes, chez soi ou dans sa voiture ; aller au boulot de nuit et revenir du boulot de nuit ; ranger les t-shirts et les sandales, sortir les cols roulés et les écharpes ; s'inquiéter du bon fontionnement du chauffage ; avoir les lèvres gercées ; subir les avaries de l'électricité statique ; noter "potage" dans sa liste de courses toutes les semaines ; envisager de devoir très bientôt remettre du fond de teint ; avoir de moins en moins envie de sortir ; réaliser que Noël est proche et que l'heure des bilans de fin d'année va arriver ; avoir froid et penser que ce n'est que le début ; entendre que cet hiver va être particulièrement rigoureux ; se dire que le prochain printemps est très, très loin....
Beurk, je déteste entrer dans l'hiver.

13 novembre 2005

Lecture : San Antonio

J'ai une passion indélébile pour les vieux San-Antonio. Comme tout polar passant sous mes yeux, je les oublie aussitôt, en ce qui concerne l'intrigue en tout cas. Je m'y plonge régulièrement avec délices à cause de la langue.
Non seulement c'est drôle, mais c'est aussi érudit, impertinent et intelligent. Mes passages préférés sont peut-être ces lignes où, invariablement dans chaque opus, le fameux San-Antonio s'en prend directement à la bêtise de son lecteur, fustigeant ici son conformisme, là son hypocrisie, ailleurs sa bêtise. J'adore aussi tout particulièrement les scènes de séduction où les descriptions de jolies filles sont à crever de rire et où les scènes d'amour des parties de zygomatiques en l'air pas piquées des hannetons.
Quand on sait que Frédéric Dard en a publié plusieurs par an pendant des années, on ne peut qu'être émerveillé par son incomparable verbe.
J'avoue cependant ne collectionner et ne me gargariser que des oeuvres publiées jusqu'en 1972 ; il me semble qu'après cette date, l'auteur a commencé à tomber dans la vulgarité et la facilité. On ne goûte, me semble-t-il, à la véritable saveur du talent de Frédéric Dard, que dans ces écrits antérieurs à cette date. Mais il y a déjà de quoi se repaître.

11 novembre 2005

Musique : Juliette

Il y a tout chez cette femme-là, et je viens de la voir sur scène pour la troisème fois sans me lasser une seconde. C'est une voix extraordinaire, une présence géniale, des textes époustouflants, une musique infiniment délectable. Et tout est varié. N'importe qui devrait y trouver de quoi faire son bonheur : les amateurs de piano classique trouveront des mélodies virtuoses ("Sur l'oreiller"), ceux de balades émouvantes auront de quoi tirer la larmichette dans certaines de ses compositions ("Une lettre oubliée"), il y a aussi de quoi rire ("Mémère dans les orties", "Tout est bon dans le cochon"), des idées ("Lucy", "Retour à la nature"), de l'osé ("Irrésistible"), de l'épique ("La vierge Eponine", "Fantaisie héroïque"), de l'émotion pure ("Garçon manqué"), etc etc. Et je ne peux pas décrire sans l'appauvrir la qualité de ses spectacles, qui sont, bien au-delà de simples concerts, des moments de plaisir, de joie, de musique tels que je n'en ai jamais vécus.

10 novembre 2005

Lecture : La Malédiction d'Edgar, de Marc Dugain

J'avais très envie de lire ce livre. Pour l'Histoire, car cette période m'était parfaitement inconnue, et puis par attirance pour le genre littéraire choisi par l'auteur : des mémoires fictives. Question Histoire, j'ai appris des choses sur les présidents américains : mon goût des ragots a été relativement comblé. Mais pour ce qui concerne la psychologie des personnages et notamment celle des deux personnages principaux, à savoir Edgar Hoover et Clyde Tolson, j'ai été déçue. Peut-être l'ai-je mal lu ; toujours est-il que je n'ai pas l'impression d'avoir côtoyé et compris ces deux grandes figures de l'histoire des états-unis. Ils me sont restés très flous. Je ne me suis pas ennuyée, mais je n'ai pas été captivée et je n'ai pas non plus le sentiment d'avoir appris grand-chose.

09 novembre 2005

Lecture : Une Vie française, de Jean-Paul Dubois

Sorti tout récemment en format poche, ce roman est une pure merveille. Parce que tout y est, et que tout s'y mêle avec crédibilité et appétit. C'est drôle et triste à la fois, distrayant et instructif, banal et extraordinaire. Je ne me souviens pas avoir ressenti un tel sentiment de proximité et de voyage en même temps avec un personnage. On suit de bout en bout l'existence d'un petit garçon qui devient un homme, un mari, un amant, un artiste, un père, avec pour fil directeur des chapitres les présidents qui se sont succédé. Le contexte historique est vu d'un point de vue réaliste, subtil et jamais démonstratif. Les épisodes dramatiques ne sont jamais larmoyants et les passages comiques sont attendrissants. C'est peut-être l'humilité du personnage de Dubois qui le rend si attachant et si profond. J'envie ceux qui vont le découvrir.

08 novembre 2005

De la liberté et l'amour

La liberté est un bien infiniment précieux, un privilège, une chance. Cette liberté est aussi synonyme de solitude, dans les mauvais jours.Dans l'incertitude d'être amoureuse en ce moment, je me rends compte qu'il n'y pas que vivre à deux, en famille, avec des enfants, qui prive de liberté. Aimer, c'est déjà renoncer à une part de liberté.
Mais je ne suis pas sûre que ce soit une mauvaise chose : je me dis tout doucement que se sentir un petit peu appartenir à quelqu'un d'autre a quelque chose de très doux, de confortable, de rassurant et de plaisant. Pas forcément, ou pas encore, aliénant.
Et puis la liberté pour quoi faire ? Qui sait vraiment l'utiliser ? Qui en profite tout le temps, tous les jours, comme une condition sine qua non de bonheur vrai ? La vraie liberté, c'est peut-être de connaître et de savoir gérer ses dépendances. De ne pas y être totalement assujetti tout le temps, tous les jours...

07 novembre 2005

Cinéma: Les Noces funèbres, de Tim Burton.

Pas de bol, le jour où je décide d'aller voir le dernier Tim Burton, deux classes de bambins braillards avaient eu la même idée. Pourtant, l'art de l'auteur d'Edward aux mains d'argent a su se montrer magique une fois de plus : les chères têtes blondes n'ont pas moufté. Et c'est vrai qu'il y avait de quoi rester fasciné : le dessin animé gracieux et émouvant, musical et un peu gothique, fantaisiste et triste aussi, est au sens propre, charmant. L'histoire, dans le fond, n'est pas franchement originale, et le graphisme est le même que celui de L'Etrange Noël de Monsieur Jack, mais on passe un délicieux moment, me semble-t-il.

06 novembre 2005

Lecture : La Sirène rouge, de Maurice G. Dantec.

Il s'agit d'un polar (tiens, j'aimerais bien savoir d'où vient ce mot). C'est le premier que je lis de cet auteur. Il est épais (le polar, pas l'auteur) et plutôt bien ficelé. Mais je ne suis pas sûre de la garder en mémoire très longtemps. Les polars ont en général sur mon esprit cet effet d'être investis, dévorés et aussitôt oubliés. Hormis Ellroy et les premiers volumes des enquêtes du Harry Bosch de Michaël Connelly dont la couleur reste gravée.
Le roman de Dantec ne va pas échapper à la règle. Du suspense, des rebondissements, de l'attente et une fin heureuse (ou presque), rien n'y manque. Un surcroît d'horreur et une point de mysticisme pas tout à fait crédibles, ajouterais-je. De quoi cependant se changer les idées et s'immerger. Mais rien d'impérissable.

05 novembre 2005

De la séduction et de l'amour

Il y a une différence essentielle entre le fait d'être séduit par quelqu'un et d'en être amoureux. Ce sont deux choses très différentes que l'on confond souvent, parce qu'évidemment dans les deux cas, il y a attirance. Peut-être faut-il forcément être séduit pour aimer mais en aucun cas la séduction n'est à confondre avec l'amour. De là proviennent bien des douleurs, des erreurs, des désillusions.Peut-être nos vies seraient-elles plus faciles, plus "saines" si l'on savait reconnaître cette différence et l'importance à accorder à l'un et à l'autre. Fréquenter quelqu'un qui nous séduit me semble assez délicieux, sans qu'il soit indispensable d'aller plus loin que le simple copinage. Avoir régulièrement sous les yeux quelqu'un que l'on aime et avec qui l'on ne vit qu'une accointance familière est beaucoup moins agréable et supportable. Le désir que l'on éprouve n'est pas non plus de la même nature : on devrait pouvoir désirer et faire l'amour avec quelqu'un qui nous séduit sans bouleverser son existence, sans s'embarrasser de préjugés ou d'interrogations. On devrait ne pas considérer et vivre l'acte amoureux qui participe, dans l'idéal, d'une histoire, de la même manière.

03 novembre 2005

Prague (2)

Dans cette capitale, j'ai cherché les traces d'une population et d'un pays qui a connu le joug communiste.
C'est une nation qui s'est révoltée lors du "Printemps de Prague", et un étudiant s'est même immolé par le feu pour protester contre la dictature. C'est un pays qui a fait la "Révolution de velours" en 89, et obtenu le retour à la démocratie à force de manifestations dans les rues ; les images de la place Wenceslas envahis par les Pragois mettent les larmes aux yeux.
J'ai trouvé des musées et des reconstitutions mais pas de marques perceptibles à mon regard de touriste. Peut-être l'hostilité très fréquente des Tchèques dans les commerces de Prague est-elle une manifestation de cette période de leur histoire.

02 novembre 2005

De l'amitié défaillante


Un ami défaillant ne nous rend-il pas plus fort ? Nous avons souvent tendance à compter sur d'autres, à les écouter ou à les suivre, alors que nous pourrions avancer et résoudre seuls. Il est évident que cela est même improductif parfois, de ne pas compter sur soi-même. Et puis s'attacher à un ami de façon profonde, totale, est dangereux, car la plus grande amitié n'est jamais parfaite mais faillible, me semble-t-il. Cet autre est un tel enrichissement, un tel appui, un tel repère... Cet autre avec qui l'on parvient à partager et à être... Comment admettre ses moments d'imperfection ?
On est toujours tout seul, au fond. D'aucuns parviennent à nous le faire oublier, de temps en temps : c'est une chance merveilleuse, incomparable, plus grande encore que l'amour peut-être. Mais c'est un sentiment d'effroyable solitude quand ils nous délaissent.

01 novembre 2005

De la "France"

Il y a quelques années encore, je disais - avec conviction - que c'était une chance de vivre dans ce pays qu'est la France. Et j'en suis de moins en moins convaincue.Nous vivons dans un pays vieux, et sans doute trop vieux.Nous subissons le poids d'une histoire, grandiose, imposante, belle. Mais nous n'avons plus rien d'un grand peuple et d'un grand pays, à part nos vieux monuments et nos vieilles histoires. Pourtant nous nous en orgueillissons toujours et nous ne savons pas nous renouveler. Nous manquons cruellement de créativité, d'énergie, d'enthousiasme et de renouveau. Notre société ne crée plus, n'ose plus : nous engrangeons seulement les technologies et les idées qui viennent d'ailleurs, de pays plus dynamiques comme les états-unis, tout en les critiquant bien sûr, avec mépris et condescendance. Il ne fait plus bon vivre en France quand l'écart se creuse entre les dirigeants et le peuple, arrivant à des incohérences incroyables et qui pourtant ne font rien évoluer : le non au referendum ne bouleverse pas la vie politique, les grèves ne soulèvent plus les foules et ne changent rien au système, les prix augmentent, alimentant ostensiblement les caisses de l'état (autoroutes, essence, cigarettes...), tandis que les classes moyennes s'endettent parce que le pouvoir d'achat baisse continuellement. Il ne fait plus bon vivre en France quand on sait qu'au diplôme ne correspond plus ni emploi ni niveau de vie. Il ne fait plus bon vivre en France quand les villages meurent de la concurrence des supermarchés, quand les petites entreprises ferment à cause de la concurrence et du totalitarisme du coût, quand on n'ose pas se lancer dans des créations devant les difficultés administratives et les risques financiers.
Ah oui, il nous reste nos ruines...