31 mai 2006

L'art du laconisme

Vingt-huit novembre mil neuf cent quarante-six
Nous ne vieillirons pas ensemble
Voici le jour
En trop : le temps déborde.
Mon amour si léger prend le poids d'un supplice.


Paul Eluard, Le Temps déborde, 1947.

30 mai 2006

L'Aquoiboniste

C'est un aquoiboniste
Un faiseur de plaisantristes
Qui dit toujours à quoi bon
A quoi bon
Un aquoiboniste
Un modeste guitariste
Qui n'est jamais dans le ton
A quoi bon
Un aquoiboniste
Un modeste guitariste
Qui n'est jamais dans le ton
A quoi bon
Un aquoiboniste
Un peu trop idéaliste
Qui répèt' sur tous les tons
A quoi bon
Un aquoiboniste
Un drôl' de je m'enfoutiste
Qui dit à tort à raison
A quoi bon
Un aquoiboniste
Qui s'fout de tout et persiste
A dire j'veux bien mais au fond
A quoi bon
Un aquoiboniste
Qu'a pas besoin d'oculiste
Pour voir la merde du monde
A quoi bon
Un aquoiboniste
Qui me dit le regard triste
Toi je t'aime, les autres ce sont
Tous des cons

Serge Gainsbourg, 1978 © Melody Nelson Publishing

29 mai 2006

"Qu'est-ce qu'on attend pour être heureux" dit la chanson. Et c'est vrai que je me demande parfois au nom de quoi je ne suis pas contente de ce que j'ai ; au nom de quoi je réclame autre chose ; qui je suis pour me prétendre en manque ! Quelle prétention d'être malheureux ! Quelle incommensurable présomption que de ne pas se satisfaire du présent ! Comme si on méritait mieux, comme si on avait le droit d'attendre autre chose.
Beau discours, hein. Que je suis bien la dernière à appliquer d'ailleurs. Et pourtant je le pense. Peut-être que parfois c'est juste un peu d'énergie dont on manque. Il faut la pêche pour être heureux. Bon, c'est quand on est heureux qu'on a la pêche vous me direz. C'est pas faux non plus.
OK. Demain j'essaie encore.

27 mai 2006

Complexe

Il ne suffit pas d'aimer quelqu'un pour l'aimer comme il faut. Bigard, dans un de ses sketchs, dit qu'"on n'est pas à l'abri de la gentillesse des gens" et que les gens les mieux intentionnés sont parfois néfastes. Pour faire du bien à quelqu'un que l'on aime, il faut aussi une bonne dose de sensibilité et d'attention, et ce n'est pas toujours facile. L'amour le plus sincère n'est pas nécessairement généreux. Peut-être parce que dans le fait d'aimer quelqu'un, il y a en même temps l'admiration désintéressée que l'on éprouve pour l'autre, autrement dit le bonheur d'avoir sous les yeux quelqu'un qui nous plaît profondément, mais aussi l'amour de la relation entretenue et enfin le sentiment égoïste et enrichissant qui nous habite , auquel on ne veut jamais renoncer.
Ah ce n'est décidément pas simple, les relations humaines...

23 mai 2006

Aïe

En moins de 24 heures, je me fais vertement rabrouer à la fois sur le plan professionnel et sur le plan amical. Deux claques dans la gueule de bibi, à qui on dit combien elle est non seulement stupide mais encore nuisible.
Y'a des périodes comme ça, où des choses nous tombent sur la gueule alors qu'on s'y attend pas du tout. L'avantage de l'accumulation, c'est qu'au bout de plusieurs on arrête de pleurer et on attend que ça s'arrête. Il n'y a plus que cela à faire et on peut presque se dire qu'on n'est plus concerné, c'est trop énorme. Courage, fuyons. Toutes les situations ne sont pas bonnes à affronter, surtout les mauvaises. Avec l'expérience, je crois de moins en moins à ces conneries que l'on entend fréquemment, du genre : "L'homme est un apprenti, la douleur est son maître / Et nul ne se connaît tant qu'il n'a pas souffert" (Musset). Se connaître n'a pas beaucoup d'intérêt si cela ne sert pas à être un peu plus heureux ; et souffrir n'a jamais engendré le bonheur.

18 mai 2006

Florence : la ville des trésors

Ce qu'il y a d'extraordinaire à Florence, c'est la présence de trésors.
Ses nombreux musées abritent d'importants chefs d'oeuvre, dont le plus magnifique, le plus époustouflant, le plus... je ne sais pas quoi, c'est le David de Michel Ange. Je n'y connais absolument rien en sculpture, et j'ai jusque là simplement été capable d'admirer platement, sans discerner un chef d'oeuvre d'un buste banal. Mais là, ô là ! devant ce géant au déhanché troublant, à la majesté écrasante, à la délicatesse surprenante pour ses 5 mètres de haut, là j'ai vu ce que c'était qu'un chef d'oeuvre.
L'originalité de la ville, hormis qu'elle abrite ce David, c'est que ses trésors se trouvent souvent dans les rues : la très imposante cathédrale avec ses monuments annexes tout aussi énormes, et la piazza della Signoria avec ses immenses statues en plein air.
Florence vaut vraiment le détour pour tout cela, mais pour goûter à l'authenticité de la vie citadine italienne, il faut sans doute aller plutôt dans les plus petites villes de Toscane.

15 mai 2006

La loi des non séries

Une expérience ne fait pas l'autre et d'une manière générale, dans notre noble métier d'enseignant (entendez-vous la Marseillaise en fond sonore ?), s'il y a une chose que l'on ne peut pas connaître, c'est la routine. Bref, tout cela pour dire qu'un voyage scolaire cauchemardesque n'en entraîne pas forcément d'autres, et que celui auquel je viens de participer pendant une semaine à Florence a été impeccable.
Le plus beau a été la joie et la bonne humeur des élèves tout au long, malgré les musées, les marches forcées, les attentes etc. Je ne dis pas qu'il n'y en pas eu qui ont rechigné de temps en temps, mais franchement, ils ont été sympas et ça fait du bien de le vivre et de le dire !!! Quelques incidents mineurs ont certes coloré le séjour : un élève surpris à glouglouter du rhum, un autre qui tripote du bout du doigt une fresque du XVIe siècle, des ouh ouh nocturnes par la fenêtre, des chansons paillardes dans le car, mais rien que de très normal quand on emmène 51 adolescents. S'il n'y avait rien eu du tout, voilà qui aurait été inquiétant ! On a même eu des grazie chantés sur le trajet du retour, c'est dire si tout s'est passé dans la bonne humeur.
A plus tard pour les billets sur Firenze proprement dit...

05 mai 2006

Voyage voyage

Dans trois jours, départ pour Florence...
J'y suis déjà allée une fois, il y a six ans environ et cela va être amusant de confronter ce que je vais voir la semaine prochaine à mes souvenirs. Je me rappelle la chaleur accablante (je n'ai jamais eu aussi chaud de ma vie je crois), un foisonnement incroyable de sculptures, monuments, fresques, couleurs tous les mètres. Je me souviens de la basilique Santa Croce avec son étoile de David sur le fronton et à l'intérieur le plafond bleu nuit avec les étoiles. Je me souviens du monde partout. Du Ponte Vecchio avec ses boutiques de bijoux...
Malgré les 19 heures 30 de car prévues pour l'aller comme pour le retour et la présence des élèves à surveiller, j'espère bien en profiter !!

04 mai 2006

PPQ


Si on n'y fait pas attention, on oublie que tous les jours, on a, à portée de mains, des PPQ = Petits Plaisirs Quotidiens. A avoir trop la tête dans le guidon ou des aspirations inaccessibles, on passe à côté d'infimes mais immenses douceurs, comme de sentir le souffle frais du dehors sur son visage le matin, alors qu'on est encore au chaud sous la couette ; comme d'écouter au crépuscule les oiseaux qui gazouillent ; comme de croiser le sourire de gens qu'on apprécie ; comme de croiser des gens beaux ; comme de penser aux gens qu'on aime ; comme de s'asseoir au soleil quelques minutes et de se sentir bien ; etc etc...
C'est tout con, hein.

03 mai 2006

Lecture : Bleu de chauffe, de Nan Aurusseau

Il y a des gens qui vous séduisent parfois alors qu'ils ne correspondent pas à ce que vous connaissez ni à ce que vous aimez d'habitude ; pour les livres, c'est pareil.
Le premier roman de Nan Aurusseau, dont j'avais entendu et lu les critiques dithyrambiques de Jérôme Garcin notamment, est particulièrement séduisant. Il m'a plu comme me charmerait un homme à l'aspect rustre dont je percevrais la finesse et l'humour.
Ce livre écrit à la première personne raconte l'histoire d'un plombier obsédé par les malversations de son patron. Mais quand on a dit cela, on n'a pas dit grand chose. Bref, il faut le lire.

02 mai 2006

Trou d'obus

Si ma mémoire n'est pas trop défaillante ni erronée, le stoïcisme consiste essentiellement en l'acceptation de l'idée de mort, source d'angoisse qui empêche de vivre. Jusqu'à il y a peu de temps, c'est quelque chose que je ne comprenais pas dans la mesure où ma propre mort ne me faisait pas peur parce que je n'y pensais pas vraiment, et puis il y a quelques jours, dieu seul sait d'où c'est venu, j'y ai pensé et j'ai touché du doigt l'effroyable angoisse que de s'imaginer mort(e). Parce que c'est inconcevable, évidemment. Mais cela n'a pas duré longtemps et finalement, ce qui me paraît toujours le plus douloureux, c'est d'envisager la mort des autres.
Etant d'un naturel inquiet (merci maman), le moindre retard, la moindre absence inexpliquée des gens auxquels je tiens particulièrement me rend folle d'angoisse, et l'adjectif n'est pas trop fort. Et le pire dans ces moments, c'est de me projeter dans une existence où cet autre aurait disparu. La sensation que j'éprouve alors, c'est celle d'avoir un trou d'obus au milieu de la poitrine. Je sais qu'il est parfaitement idiot, irrationnel, de sombrer dans des scénarii aussi cauchemardesques mais je n'y peux rien ; je lutte docteur, pourtant, je lutte...
Y'a encore du boulot avant de devenir stoïcienne.