30 janvier 2008

Lecture : One man show, de Nicolas Fargues

Dans le genre "je me regarde le nombril sans complaisance", j'ai pensé au Roman russe d'Emmanuel Carrère et c'est sans commune mesure que je vote pour Emmanuel Fargues.
Jeune écrivain retiré en province avec sa petite famille, en voyage à Paris pour une émission de télé, le récit est pour beaucoup un monologue intérieur où le narrateur se moque allègrement de lui-même, du monde de l'édition et de la télévision.
J'ai eu du mal à capter le ton, car il est subtilement mi-figue mi-raisin, mais globalement j'ai bien aimé cette histoire sans prétention comme le dit la 4ème de couverture. Le personnage ne se veut pas sympathique ni franchement antipathique, ni original ni dénonciateur. Bref, c'est simple, et agréable,sans superficialité.

29 janvier 2008

Citation

"Au dire de Freud (Moïse et le monothéisme), un peu de différence mène au racisme. Mais beaucoup de différences en éloignent, irrémédiablement.
Egaliser, démocratiser, massifier, tous ces efforts ne parviennent pas à expulser "la plus petite différence", germe de l'intolérance raciale.
C'est pluraliser, subtiliser, qu'il faudrait, sans frein".

Roland Barthes

27 janvier 2008

Lecture : Akhenaton le dieu maudit, de Gilbert Sinoué

Akhenaton, c'est ce pharaon époux de Néfertiti qui a fait scandale il y a deux millénaires lorsqu'il a essayé de bouleverser les croyances en substituant au panthéon des dieux égyptiens un dieu unique, Aton. Cette tentative de monothéisme ne lui survivra pas et ses successeurs tenteront d'effacer jusqu'à la trace de son existence. D'où la difficulté particulière de documentation en ce qui le concerne, et les nombreuses controverses.
Gilbert Sinoué a tenté dans son ouvrage un pari audacieux : raconter l'histoire de ce roi, en prenant en compte les différentes interprétations sur son règne, par le biais d'une trame fictionnelle. Deux chercheurs contemporains lisent une correspondance entre deux amis proches d'Akhénaton, lesquels se racontent son histoire. Les deux égyptologues débattent de son authenticité. Mon avis est que l'aspect romancé est très maladroit, et surtout peu crédible. Il n'en reste pas moins que l'aspect documentaire est très intéressant, pour peu que le sujet soit une source de curiosité pour le lecteur.

20 janvier 2008

Connerie au pouvoir

Philippe Val, dans son édito de cette semaine dans Charlie Hebdo, parle de la disparition, au moins dans les médias, des la catégorie des intellectuels. Je rebondis : certes, jamais la réflexion n'a été autant absente, ou aussi discrète, sa voix aussi ténue, qu'aujourd'hui. Avec l'avènement de Sarkozy, on a eu droit à la consécration de l'ère de l'artificiel, de l'épidermique, de l'instantané. Il n'en est pas l'initiateur, évidemment pas, mais il en est le chantre. La connerie au pouvoir : il joue au con, et il s'adresse à des cons.

15 janvier 2008

Lecture : Hannibal Lecter, les origines du mal, de Thomas Harris

First, je n'ai pas lu autres opus de la série concernant le monstre cannibale. J'ai bien envie pourtant, même si je ne suis pas totalement enthousiasmée par celui-ci. Disons que, en toute modestie ou presque, les qualités de l'ouvrage manquent d'approfondissement. Ce qui m'avait plu dans Hannibal, le 2ème film, c'était, qu'aussi monstrueux le personnage soit-il, le film n'était pas manichéen du tout et au contraire brouillait les cartes entre différents types de monstres. Ce livre m'a séduite sensiblement pour les mêmes raisons : le récit retrace l'enfance et la jeunesse d'Hannibal, marquées par les traumatismes mais aussi la culture et l'amour. Je regrette que ce récit qui aurait pu être beaucoup plus troublant sur la destruction d'une âme tombe fréquement dans les clichés, les excès et le manque de nuance. Il n'en reste pas moins qu'il s'agit d'un portrait de criminel original, qui se...... dévore ?...

13 janvier 2008

Lecture : L'Adieu aux armes, de Hemingway

Un aveu d'abord : je ne l'ai pas lu en entier, mais un peu plus de la moitié. Si je souhaitais lire du Hemingway, c'est parce que j'avais entendu souvent qu'il s'agissait d'un auteur majeur, maître de beaucoup d'autres, une référénce. Si j'ai souhaité lire celui-là, c'est parce qu'il se situe pendant la première guerre mondiale, période qui m'intéresse particulièrement. Je m'attendais donc à tout gagner, mais non !
Concernant l'aspect historique, il est en toile de fond et peu perceptible. Il faut dire que le héros n'est pas soldat mais ambulancier, qu'il se retrouve longuement à l'hôpital et, selon la 4ème de couverture puisque c'est là que je me suis arrêtée, il s'enfuit avant de retourner au front. La Chambre des officiers, de Marc Dugain, est bien plus édifiant. Mais la plus grosse déception concerne l'histoire : j'ai trouvé les dialogues d'une totale bêtise, ce qui ne peut être imputable à la seule traduction, l'histoire relativement ordinaire, les propos sans intérêt. Bref, je n'ai pas du tout décelé le génie vanté, loin de là.

12 janvier 2008

De la laideur

Quelle est la part de subjectivité et d'objectivité dans la beauté ? On a tous vu notre regard se transformer selon que l'on aime ou que l'on déteste. Mais en amont, je me suis souvent rendu compte qu'il m'était impossible d'aimer quelqu'un que je trouvais laid ; il m'est même impossible d'aimer quelqu'un sans qu'il y ait une véritable attirance physique, quelle que soit la nature des relations. La laideur est pour moi un obstacle aux sentiments. L'affection, l'intérêt que je peux porter à quelqu'un est limitée au moment où la relation pourrait prendre de la profondeur par l'absence de plaisir à regarder l'autre. Comme s'il s'agissait d'un manque d'honnêteté, je ne peux pas donner mon amitié à quelqu'un en oubliant que je le trouve disgrâcieux. J'aime à trouver beaux les gens que j'aime.

07 janvier 2008

Grrrrrraou...

Mon premier billet de 2008 sera en forme de coup de gueule ! Aujourd'hui, c'était la rentrée des classes, les retrouvailles avec les chères têtes blondes... Oh rien de neuf en fait mais un agacement accru envers leur indifférence générale. Je suis une fois de plus horrifiée, et le mot n'est même pas trop fort, devant leur apathie ; je suis consternée par cette légèreté abrutissante face à tout. Je n'ai rien contre la bonne humeur en classe, au contraire : la dérision est une marque d'intérêt, de compréhension, et même d'intelligence sans doute. J'en sais un certain nombre qui sont vifs d'esprit, mais que leur incapacité à se concentrer, à s'intéresser, qui n'ont pas le goût de comprendre, rend d'une stupidité affolante. J'en arrive à un mépris profond parfois, qui n'est absolument pas confortable pour continuer à faire cours.
Qu'est-ce qui rend cette génération si insouciante ? Si pauvre ? Comment les faire réagir ? Leur faire entrapercevoir qu'il est nécessaire de se plier, de hiérarchiser, de faire preuve de rigueur ? Leur monde est sans aucun relief ! Il n'y a plus de frontière, ou si peu, entre la classe et la cour de récréation, entre les langages selon les interlocuteurs, de cloisonnement dans les activités. Ils ne sont responsables de rien, et surtout pas d'eux-mêmes.
Alors bon, ce n'est pas le bordel dans mes cours, les élèves me respectent, voire m'écoutent et apprennent sans doute des choses, mais le fossé est immense et infranchissable entre ce qu'ils devraient apprendre et ce qui leur arrive. Le problème est en amont, du côté de l'éducation, et des notions qui sonnent tragiquement réactionnaires, d'autorité, d'apprentissage, de respect des valeurs ! Et on investit toujours un peu plus l'Etat et l'Education Nationale de remplir des tâches qui ne sont pas son rôle !! Où va-t-on ? DROIT DANS LE MUR !
J'arrête là mon grognement. L'espoir fait vivre !