29 juin 2006

Le baiser

Je parlais hier de choses délectables à vivre et à ressentir, à propos de l'été. Il en est une autre, qui ne connaît pas de saison : le baiser.
Je ne connais pas de contact plus sensuel et plus tendre que celui-là. Le plaisir purement sexuel est facilement mécanique ; le contact de deux bouches est lui extrêmement subtil et intime. Il peut naître de là des plaisirs indicibles, qui, sans connaître l'apothéose de l'orgasme, sont pleins de nuances vertigineuses et merveilleuses. Un baiser peut être d'une douceur ébouissante et d'une intensité voluptueuse. Comme il peut être parfaitement insipide. Peut-être que c'est là que l'on décèle le vrai désir de l'autre.

28 juin 2006

Vive l'été

On l'a tellement attendu qu'il n'était pas possible de le passer sous silence, et même s'il y a des couacs comme ce week-end de novembre, quel bonheur que l'été !
Un des aspects que je trouve le plus délectable, c'est l'abolition des frontières : dedans, dehors, tout est ouvert, l'air et la température circulent de façon homogène, comme les corps qui n'ont plus besoin de se grimer pour sortir. C'est une des raisons pour lesquelles aussi j'apprécie de de vivre dans une maison, à la campagne qui plus est : l'extérieur est chez moi aussi. Cette barrière quand on habite en appartement entre l'espace clos et dehors est devenue complètement inepte. Fermer les portes à clef, mettre forcément des chaussures pour aller voir le soleil, beurk, alors qu'il est si bon de prendre son petit déjeuner dans son jardin, franchir le seuil en maillot de bain, bref avoir un microcosme à portée de main ! Je me lamente souvent, mais c'est vrai que j'ai de la chance...

24 juin 2006

De la curiosité

Il est une qualité essentielle pour goûter à l'existence, c'est la curiosité. Pourquoi dit-on qu'il s'agit d'un défaut ? Bien sûr qu'en ses excès, c'en est un ; mais en soi, c'est une immense qualité. Il n'est que de voir ceux qui en sont dépourvus pour en évaluer toute l'importance. C'est d'ailleurs ce que je déplore souvent chez les élèves, cette inappétence générale et systématique, presque instinctive. Et c'est ce qu'il y a de génial chez les tout jeunes enfants, cet émerveillement devant tout et n'importe quoi, leur intérêt toujours renouvelé pour un livre lu des dizaines de fois, ces questions insolubles pour tout ce qu'ils voient. On ne prend de plaisir à rien quand on n'est pas un peu curieux car on n'a pas désir. Etre curieux c'est avoir envie d'aller de l'avant.
Cela me fait penser à ce minuscule (0,13 x 0,16m), magnifique et troublant tableau de Fragonard, qui s'appelle "Les curieuses"...

23 juin 2006

Lecture : Ensemble, c'est tout, d'Anna Gavalda.

C'est gros mais ça se lit tout seul. J'avais été rebutée jusque là par les titres à l'eau de rose de cet auteur et puis un jour de flemme où je n'avais pas de livre à lire sous la main, en fouillant dans un carton, je suis tombée sur celui-là et j'ai lu les 600 pages en quelques heures. Personnages truculents, un peu d'humour et un peu de gravité dans l'histoire, le tout bien ficelé, sans longueurs, et le temps passe sans qu'on le voit passer. Que demande le peuple ?

21 juin 2006

Encore un blog

Pas très envie de raconter des trucs en ce moment... Boulot-travaux-dodo, mon quotidien ne m'inspire guère de billets empreints de lyrisme ou de spiritualité. Alors je me promène sur la Toile et c'est l'occasion de donner une nouvelle adresse de blog, 1984.

14 juin 2006

A consulter

Je viens de découvrir un nouveau blog intéressant, pour un public ciblé, certes (quoique), puisqu'il y est essentiellement question de l'enseignement des lettres dans le secondaire. Pour avoir lu les derniers articles, je n'adhère pas totalement au ton ni aux propos, mais il est bon d'y voir un vent de révolte et de questionnement. Plus le temps passe et plus les nouvelles pédagogies me paraissent destructrices. Que l'on soit d'accord ou pas, dans le métier que l'on fait, il est de toutes façons absolument fondamental de s'interroger sur le bienfondé de nos méthodes et des savoirs que l'on souhaite dispenser.

Lecture : Rouge Brésil, de Jean-Christophe Rufin

Un pavé, certes. On ne lit pas cela comme on lit Etat d'urgence ! Mais l'intérêt n'est pas le même non plus.
Au XVIe siècle, deux enfants sont envoyés au Brésil avec des soldats français venus conquérir le Nouveau monde. L'auteur romance un épisode réel de la Renaissance. Il s'agit d'un livre dense et riche : la langue est savoureuse, d'abord. Et puis on y voit la confrontation de deux manières d'envisager la nature, celle des français et celle des indiens. On y voit aussi la prégnance des questions religieuses : la querelle entre catholiques et réformés va jusqu'à traverser l'Atlantique et l'on s'immerge également dans l'animisme indien. Les personnages sont nombreux et hauts en couleur, comme les lieux décrits, comme les actions.
Il est impossible de parler des thèmes abordés dans ce roman sans être réducteur ou simpliste parce que tout y est varié et fouillé. J'ai mis cinq semaines à le lire mais je n'ai pas perdu mon temps.

12 juin 2006

Lecture : Etat d'urgence, de Michaël Crichton

Histoire de mettre un peu de côté le catalogue Leroy Merlin, j'ai emprunté ce livre à la bibliothèque, avec l'idée que cela serait facile à lire, rapide et prenant. Hum.
Il faut dire que j'avais été agréablement surprise par la lecture de Jurassic park, du même auteur : j'avais pris goût au polar scientifique qui m'apprenait des choses dans des domaines qui me sont parfaitement étrangers. Malheureusement, Etat d'urgence m'a beaucoup déçue. On y retrouve un souci documentaire et scientifique mais poussé à un tel extrême que c'en est lourd lourd lourd. Il est ici question des changements climatiques et des associations écologistes. Crichton nous donne une vision particulière puisqu'il raconte que les bouleversements climatiques dus aux pollutions industrielles seraient un énorme leurre et on y voit des sortes de multinationales écologistes parfaitement corrompues. Il s'agit d'un roman bien sûr, il est long, touffu à outrance et la trame autour des personnages n'a quasiment aucun intérêt, mais il a tout de même le mérite d'aller à l'encontre d'un certain nombre d'idées toutes faites et de faire réfléchir là-dessus : les écolos ne sont pas forcément des bienfaiteurs, l'homme ne détruit pas tant que cela sa planète et il n'y a pas nécessairement de quoi avoir peur de l'avenir.

09 juin 2006

Le mal de vivre, Barbara

Un des seuls textes de Barbara qui, à ma connaissance, se termine bien.

Ça ne prévient pas ça arrive
Ça vient de loin
Ça s'est promené de rive en rive
La gueule en coin
Et puis un matin, au réveil
C'est presque rien
Mais c'est là, ça vous ensommeille
Au creux des reins

Le mal de vivre
Le mal de vivre
Qu'il faut bien vivre
Vaille que vivre

On peut le mettre en bandoulière
Ou comme un bijou à la main
Comme une fleur en boutonnière
Ou juste à la pointe du sein
C'est pas forcément la misère
C'est pas Valmy, c'est pas Verdun
Mais c'est des larmes aux paupières
Au jour qui meurt, au jour qui vient

Le mal de vivre
Le mal de vivre
Qu'il faut bien vivre
Vaille que vivre

Qu'on soit de Rome ou d'Amérique
Qu'on soit de Londres ou de Pékin
Qu'on soit d'Egypte ou bien d'Afrique
Ou de la porte Saint-Martin
On fait tous la même prière
On fait tous le même chemin
Qu'il est long lorsqu'il faut le faire
Avec son mal au creux des reins

Ils ont beau vouloir nous comprendre
Ceux qui nous viennent les mains nues
Nous ne voulons plus les entendre
On ne peut pas, on n'en peut plus
Et tous seuls dans le silence
D'une nuit qui n'en finit plus
Voilà que soudain on y pense
A ceux qui n'en sont pas revenus

Du mal de vivre
Leur mal de vivre
Qu'ils devaient vivre
Vaille que vivre

Et sans prévenir, ça arrive
Ça vient de loin
Ça s'est promené de rive en rive
Le rire en coin
Et puis un matin, au réveil
C'est presque rien
Mais c'est là, ça vous émerveille
Au creux des reins

La joie de vivre
La joie de vivre
Oh, viens la vivre
Ta joie de vivre

07 juin 2006

Politiquement incorrect

On devrait pouvoir dire de temps en temps : tiens, j'aimerais bien faire l'amour avec toi, qu'est-ce que tu en dis ? Et s'envoyer en l'air comme on prend un café. Pourquoi ne pourrait-ce être aussi simple et léger qu'un bon moment à partager ? En quoi un désir à la fois superficiel et puissant, un peu par curiosité et également par attirance, quelque chose qui ne vaudrait que dans l'instant, est-il déshonorant ? Bien sûr qu'un acte aussi intime est moins anodin qu'une poignée de mains, mais sans doute que l'on y attache surtout beaucoup d'idées toutes faites et qu'il n'est aucun acte d'ailleurs qui soit autant alourdi de connotations. Faire l'amour déjà est une expression qui fausse l'acte. Il faut s'aimer pour faire l'amour, quelle connerie ! Alors que chacun sait que le plaisir sexuel n'a pas toujours de lien avec l'amour. On n'est pas libre avec sa sexualité, par chez nous...

06 juin 2006

Une journée avec

Il y a des jours avec et des jours sans. Aujourd'hui fut une journée avec, puisque :
- le plombier est venu
- j'ai pu tondre ma pelouse
- le banquier va finalement me rembourser mes 250 euros prélevés abusivement
- il a fait beau et presque chaud
Si je ne voyais que la bouteille à moitié vide, je pourrais dire :
- le plombier est venu mais n'a toujours pas fini
- la pelouse doit être retondue dans trois jours
- je n'ai pas encore les 250 euros sur mon compte
- il a fait beau mais j'ai passé la moitié de la journée à faire dame pipi dans les couloirs froids du lycée pendant les examens
Alors ? Qu'est-ce qui est le plus vrai ?
Comme dirait Obi One Kenobi, la vérité dépend surtout du point de vue. Et sans doute que le bon point de vue, c'est toujours de voir la bouteille pleine !

04 juin 2006

La réflexion du dimanche soir

Nous menons tous deux vies parallèles...
Si si. La vie à l'intérieur de soi et la vie à l'extérieur. La première correspond en gros à ce que l'on ressent, à nos réflexions intimes, à la solitude inhérente à notre nature humaine ; la seconde correspond à tout ce que l'on vit avec les autres, à notre vie en société, en collectivité, à nos actes. A partir de là, je crois que le bonheur consiste en une adéquation entre ces deux vies ; pas forcément en une proportion équivalente, car les besoins sont très différents d'un individu à l'autre, mais en une harmonie. Il faut que ces deux vies se ressemblent, se fassent écho, se prolongent l'une en l'autre. Quand on est heureux, cela se ressent et se voit dans nos actes ; alors que quand on est malheureux, on peut (parfois) faire semblant. CQFD.

Youpi ! le début de l'installation...

Enfin, ça y est, je suis connectée à internet dans ma maison à moi ! Je peux enfin pianoter dans mon bureau, retrouver ma liste de "favoris", faire ma déclaration d'impôts, bref, je n'y vis toujours pas, mais peu à peu j'investis les lieux. Cette semaine, je n'ai plus qu'à espérer que le plombier achève son boulot et termine ma salle de bains, que je puisse installer ma cuisine sur mon carrelage enfin terminé, nettoyer les pièces du bas pour y mettre mes meubles et............. je quitte mon squat pour habiter enfin ici. Avec l'été qui a enfin l'air de pointer le bout de son rayon de soleil, les choses prennent une tournure que je qualifierais de satisfaisantes hu hu hu...

01 juin 2006

Historiette

Il était une fois...
Deux canards. Un petit et un grand. Le petit était très petit, le grand était très grand. Ils étaient d'excellents amis parce qu'ils étaient tous les deux différents des autres. Quand on les regardait d'en haut ou d'en bas, ils s'en moquaient parce que c'est entre eux qu'ils avaient le plus de mal à se regarder ! Mais cela les faisait rire. Et puis ils n'avaient pas besoin de se regarder, il leur suffisait de voir dans la même direction et ils ne se quittaient jamais.
Un jour pourtant, le grand canard tomba dans un grand trou et le petit canard fut bien sûr incapable de l'aider à en sortir. Alors il alla chercher d'autres canards de taille moyenne et tous ensemble ils réussirent à tirer le grand canard de son trou.
Depuis ce jour, les deux amis canards passent des moments avec les autres canards de taille moyenne, même s'ils continuent souvent à les regarder de travers.