21 juillet 2007

Youpi : les p'tits vieux

Pour meubler mes vacances en cette fin de mois de juillet grise et humide, je me suis lancée dans une nouvelle série de reportages, qui, si le sujet ne me passionnait pas beaucoup, a eu au moins le mérite de me faire croiser quelques personnages hauts en couleurs. Deux petits vieux issus de villages perdus de la brousse cauchoise.
Le premier m'a embarquée chez lui aussitôt que je me suis adressée à lui, affirmant que s'il n'avait pas ce que je cherchais (à savoir un puits), il me promettait de me montrer des choses que je n'avais jamais vues. L'idée que ses intentions soient malhonnêtes m'a vaguement effleurée mais la curiosité et la confiance ont pris rapidement le dessus ; et ce sont des voix que j'ai eu raison d'écouter. Cet ancien peintre en bâtiment, âgé de soixante-dix environ, m'a fait visiter le petit chalet montagnard qu'il a construit de ses mains dans son jardin, uniquement avec des matérieux de récupération. Il m'a ensuite fièrement montré les dizaines et les dizaines de tableaux qu'ils a peints, et autres sculptures, qui envahissent les murs de toute sa maison. Il m'a longuement parlé de sa correspondance avec les maires des communes pour lesquels il fait des dessins, de ceux qui ne lui ont pas répondu et de ceux qui l'ont fait, comme le maire de Paris. Il m'a aussi entraîné dans sa cave pour me faire la démonstration du village de montagne qu'il a créé en maquette, avec lumières, torrent, et l'éclairage imitant l'averse de neige. C'était incroyable et magnifique.
Le même jour, toujours à la recherche de puits, j'ai débarqué chez un couple d'agriculteurs retraités : je suis littéralement tombée sous le charme de l'humour, du regard pétillant de gamin du monsieur de près de 75 ans, pour qui tout était sujet à plaisanterie. Son potager et sa maison étaient un pur régal pour les yeux et sa femme s'est également montrée pleine de sollicitude.
Et on dira que les Normands ne sont pas aimables !

17 juillet 2007

Si on ne naît pas con, on peut le devenir

Nous ne venons pas tous au monde avec le même capital de facultés intellectuelles, c'est une évidence. Mais il ne s'agit pas là d'une donnée immuable, loin de là. Si l'éducation, les rencontres, les événements de toutes sortes peuvent nous permettre de les développer, à l'inverse, il suffit de peu de chose pour les atrophier. Se persuader qu'on est idiot permet une accélération de ce dernier processus, mais aussi l'égoïsme, lequel conduit au manque de lucidité et d'ouverture d'esprit.
Une personne qui ne se démarque probablement pas par un QI exceptionnel, mais moyen, peut faire preuve d'un grand bon sens, d'une grande intelligence humaine grâce à sa générosité, sa curiosité et son dynamisme. A contrario, une personne pourvue de capacités intellectuelles importantes, peut devenir bornée, incapable de gérer des situations, d'avoir un regard pertinent sur les choses.
Je crois que l'intelligence, qu'elle soit humaine ou mathématique, s'entretient exactement au même titre qu'un muscle.

09 juillet 2007

De la sécurité

Voilà un mot très "tendance", et très galvaudé. Thème privilégié de campagne politique, fleurant facilement la dérive extrémiste, le terme connote davantage la peur que le bien être. Pourtant...
Un ami m'avait dit que les femmes cherchaient avant tout chez un homme la sécurité. J'avais une vingtaine d'années et ce propos m'avait paru scandaleusement rétrograde et machiste. Aujourd'hui, non seulement je sais combien c'est vrai, mais aussi combien les hommes la cherchent aussi, et combien ce sentiment est rare et fondamental.
Se sentir en sécurité, c'est se sentir en confiance, et en liberté. Ce n'est nullement se barricader et se protéger ; c'est justement ne plus avoir besoin de le faire.

04 juillet 2007

Lecture : La Combat ordinaire, de Manu Larcenet (trilogie, BD)

J'ai déjà eu l'occasion de le dire, je ne connais rien à la bande-dessinée et c'est un genre qui ne m'attire pas. Pourtant, les BD de Tardi sur la guerre de 14-18 ont été un contre-exemple. En voilà un autre.
Le Combat ordinaire raconte l'histoire d'un jeune photographe, solitaire et angoissé. Je résume très mal un récit qui est à la fois d'une parfaite banalité, comme le souligne le titre, et parfaitement émouvant. Ce sont des petites touches picturales et verbales, qui font tour à tour rire et monter les larmes aux yeux, toujours dans la subtilité, la simplicité, la justesse. Je n'arriverai pas à en faire un éloge qui soit à la hauteur de l'oeuvre ; je ne peux que dire combien cette trilogie m'a touchée pour chaque sujet abordé, qu'il soit grave ou léger.

03 juillet 2007

Le coup du râteau

Le coup du lapin, on ne s'en remet pas. Le coup de râteau en revanche est de ceux-ci que l'on l'on peut se prendre moult fois dans la gueule, sans y laisser sa peau. De là à dire que l'on se remet, pas forcément.
L'image du râteau n'est pas sans une ironie cruelle : le mouvement de ratissage fait partie des plus fastidieux et durs du jardinage, tandis que marcher dessus évoque un gag éculé qui ne fait plus rire grand monde. Se précipiter dans les bras de quelqu'un qui en fait ne veut pas de vous ; avouer ses sentiments tendres à quelqu'un qui vous révèle alors qu'il vous méprise ; soupirer après quelqu'un qui ne veut pas de vous, bref, ça fait mal. Et ça ne fait même pas rire.
L'adolescent échappe peu à ce grand moment de douleur que les plus cons diront formateur. L'adulte y succombe avec encore plus de solitude et de honte. J'ai des souvenirs de râteau d'adolescente, de tentatives d'embrassades refusées, de moqueries sur mes prétentions à appartenir à la même race que les autres filles. "Grands", certes, on ne ressent plus les choses tout à fait de la même manière. La maturité est là mais la douleur est toujours violente : aimer quelqu'un qui ne veut pas de vous, quelle qu'en soit la raison, ça fait mal. On préfèrerait un bon manche de râteau.

02 juillet 2007

Oxymore

Il y a des fatigues reposantes. Ô bienfaisant abattement ! Ô rafraîchissante lassitude ! On ne dit point assez la jouissance amorphe de cet engourdissement lugubre du corps et de l'esprit, la faveur anesthésiante de cette caresse pesante. Ô anéantissement salvateur ! Ô langueur oublieuse ! L'épuisement sied bien aux errements absurdes, aux velléités creuses, aux désirs dispendieux.
Une nouvelle de Colette dont je n'ai qu'un lointain souvenir disait que la maladie était les vacances des pauvres, et vantait, crois-je, la douceur de l'infection abrutissante, la clémence suave de la fièvre. Une "affection" ne désigne-t-il pas à la fois un mal et un bien ?