31 octobre 2006

Lecture : American psycho, de Bret Easton Ellis

J'avais été fascinée par Lunar Park, dans lequel il était question de cet ouvrage qui a fait la célébrité sulfureuse de l'auteur. J'appréhendais de le lire, compte tenu de sa réputation et en même temps, bien sûr, j'étais attirée. L'occasion s'est présentée et je l'ai lu en 5 jours.
C'est un livre étrange. Oui, il y a des scènes de tortures insoutenables et d'ailleurs je n'ai pas pu tout lire, j'en ai zappé quelques-unes à la fin. Mais ce n'est ni la raison de rejeter le livre ni de le lire. Le personnage principal, Patrick Bateman, jeune goldenboy newyorkais qui passe sa vie dans les restaurants branchés et les boîtes de nuit, en compagnie de gens qui se confondent les uns les autres la plupart du temps, est obsédé par les marques de vêtements et d'objets. Et la nuit, il massacre des filles. Il ne se passe au fond pas grand chose, les événements et les propos se répètent : descriptions de soirées ennuyeuses, longs chapitres sur des albums de musique, sur des tenues vestimentaires, entrecoupés de scènes de tortures... Et pourtant on ne s'ennuie jamais. Ce qui est fascinant dans ce roman je crois, c'est l'obsession du personnage pour les choses matérielles, la vie pleine d'incohérences et d'hystéries du monde dans lequel il vit, c'est le lent crescendo dans l'attitude criminelle et la folie du "héros", et les rares moments où il parle de ses sentiments, de lui-même (ce qui contribue grandement à l'impression d'étrangeté de la narration puisque l'histoire est écrite à la première personne du singulier).
Je ne sais pas ce que Bret Easton Ellis a voulu "dire"dans ce roman ; on dit qu'il dénonce, comme le titre l'indique c'est vrai, les travers de la société américaine contemporaine, complètement artificielle. Pour ma part, j'ai été surtout sensible à la froideur du personnage, à l'impossibilité pour le lecteur ni d'éprouver de la compassion ni un rejet total. C'est un roman dont il est difficile de parler je crois, parce que, comme pour Lunar Park, il est inclassable et dérangeant, et pas seulement pour les scènes d'horreur.

1 commentaire:

joubarde a dit…

On a déjà comparé Beigbeder à Bret Easton Ellis, alors qu'il n'en est qu'une pâle caricature, surtout destiné à se placer en tête des ventes. C'est pourquoi j'adhere assez à ton poste précedent sur 99 francs.

Bret Easton Ellis, va bien plus loin dans son analyse et sa critique d'une société malade et frustrée. Du même auteur, je te recommande vivement Glamorama, même si il semble prétendre que ce n'est pas son meilleur.