16 décembre 2007

Le poids des mots...

Le rôle du professeur de français n'a peut-être jamais été plus important qu'à l'heure d'aujourd'hui, où les mots et les messages sont portés à notre entendement en une quantité faramineuse, où il est donc terriblement nécessaire de savoir décoder, trier, relier, comprendre.
Que le vocabulaire soit directement lié à la violence me paraît beaucoup plus évident que les images : la pauvreté de langage est liée à la pauvreté de repères, et source de dérives qui s'exprime avec d'autres moyens. Mais bref, je ne veux pas faire de la sociologie de comptoir, mais donner l'exemple de trois mots dérangeants:
- le premier est celui de "pouvoir d'achat" : il me semble y avoir dans cette expression quelque chose d'extrêmement pervers, quasi oxymorique, mais employé avec une terrifiante légèreté. Où est le "pouvoir" de celui qui achète ? Conférer à la dépense un pouvoir, c'est admettre que notre droit d'exister dans la société est directement lié à celui de consommer ! Ce qui n'est qu'un appel à la dépendance ! et le pouvoir réel n'appartient-il pas aujourd'hui à ceux qui vendent, à ceux qui font acheter ?
- dans le même ordre idée, le terme de "libéralisme" me trouble aussi beaucoup. On y entend le mot liberté, et pourtant, il recouvre l'idée de libre concurrence, de libre capitalisme. Quelle déplorable définition de la liberté que celle du XXIe siècle ! On est bien loin de la notion d'épanouissement personnel qui était son sens originel.
- enfin, dans un article de Charlie Hebdo de cette semaine, Caroline Fourest reprend un terme employé par Sarkozy, à savoir le terme d'"islamophobie", contre lequel il prétend se battre au même titre que contre l'antisémitisme. Vouloir combattre tous les racismes est certes une noble lutte, mais le terme douteux qu'il emploie laisse à penser que même la critique contre la religion, qui elle est légitime, est un acte de racisme.
Cela me fait penser à un dernier mot, un tout petit mot tout simple qui se substitue souvent à un autre, mine de rien : à la "question" de l'immigration on utilise plus fréquemment le terme de "problème" de l'immigration...

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